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Au fil des pages avec Chéri

Pour une lecture commune avec Nathalie et Isabelle dans le cadre du challenge 2024 sera classique aussi!, le mois de février 2024 étant dédié aux classiques français, j’ai relu Chéri de Colette (éd. Le Livre de poche, n°36557, avril 2023, 282 pages), un roman paru pour la première fois en 1920 et que j’avais déjà lu quand j’étais étudiante par curiosité.

Fred Peloux, surnommé « Chéri », âgé de 25 ans entretient une relation, depuis 6 ans, avec Léa de Lonval, une courtisane, demi-mondaine âgée de 49 ans et amie de sa mère qu’il connaît depuis la petite enfance. Leur relation est sur le point de se terminer, la mère de Chéri ayant décidé qu’il était temps pour lui de se marier avec Edmée, une jeune fille de 18 ans à peine sortie de l’internat. Mais la rupture est-elle aussi simple qu’ils ne le pensaient, chacun étant à la croisée de leur vie, elle, vieillissante qui voit sa vie de courtisane se terminer dans cette dernière relation et lui, désormais marié, à la fin d’une vie insouciante d’un rentier adulescent?

Le roman se construit en deux temps, avant et après le mariage, Léa s’enfuyant loin pour ne pas montrer son chagrin, faisant croire qu’elle a jeté son dévolu sur un autre jeune homme et Chéri, attendant désespérément, dans la débauche et en fuyant sa femme Edmée pour qui il ne ressent rien, le retour de son ancienne maîtresse.

Comme à ma première lecture, je n’ai pas eu beaucoup d’empathie pour ce couple dont je n’ai pas ressenti l’amour inconditionné et sensuel que semble vouloir pourtant mettre en scène Colette. Mais j’ai eu, une nouvelle fois, de la peine pour Edmée dont le mariage ne pouvait qu’être un échec.

J’ai trouvé, une nouvelle fois, leur personnalité bien creuse et superficielle et leur relation malaisante et dérangeante, encore plus 20 ans après, que ce soit l’attitude de Chéri, très puérile, qui se complaît dans une posture de petit enfant capricieux et dans ce qu’on pourrait nommer un Œdipe tardif (le lien maternel sa faisant plus auprès de Léa surnommée « Moumoune » que de sa propre mère) ou celle de Léa, très (trop) maternante bien qu’ayant avec lui des rapports sexuels et ne semblant voir dans son amant qu’un beau corps jeune alors que le sien s’est flétri.

D’ailleurs, pour cette lecture commune, j’ai acheté la dernière édition pour les nouveaux programmes scolaires contenant un dossier thématique sur « un amour transgressif », la thèse étant que la transgression de cet amour tient plus au fait que le couple Chéri/Léa avait de véritables sentiments amoureux qu’ils n’avaient pas su voir jusqu’à l’instant de rompre que leur très grande différence d’âge, bien acceptée dans les mœurs de l’époque dans le milieu semi-mondain.

Pour autant, à la fin de ma lecture, j’ai plus eu le sentiment d’une désillusion et d’un état dépressif de part et d’autre, que ce soit de Chéri qui reste figé dans le souvenir d’une Léa idéalisée et qui l’empêche de s’investir dans son mariage que de Léa qui a bien dû mal à se voir vieillir, et voyant la vieillesse comme un frein à tout amour possible.

A travers cette rupture amoureuse qui ne va finalement pas de soi, Colette dresse également un tableau du milieu semi-mondain, toute en apparences, frivolités et faussetés, à l’image de la relation « amicale » entre les trois semi-mondaines désormais âgées, Léa, Charlotte Ledoux, et la belle Marie-Laure, la mère d’Edmée. D’ailleurs, les chamailleries entre Léa et Charlotte, prenant à témoin Chéri, apportent une touche d’humour à ce récit que j’ai quand même trouvé bien terne et superficiel, sans doute à l’image de ce milieu semi-mondain oisif des années 1900/1910, chacun des personnages vivant de leurs rentes, l’argent ne faisant finalement pas le bonheur.

Il existe une suite à ce roman, La fin de Chéri paru pour la première fois en 1926 et qui se déroule quelques années après, dans les années 20, une fois la Première Guerre Mondiale terminée et je suis curieuse de savoir ce qu’il est advenu des personnages, si la désillusion et l’amertume seront toujours présentes. Je vais essayer de l’emprunter à la médiathèque même si cette nouvelle lecture de Chéri a été une nouvelle fois mitigée tout appréciant son aspect sociétal. Ce sera peut-être une nouvelle lecture commune avec Nathalie et Isabelle?

Pour d’autres avis sur ce roman: Nathalie (avec un avis très enthousiaste) et Isabelle (qui a été déçue de sa lecture).

Participation#3 Challenge 2024 sera classique aussi! de Nathalie #Classique français

Des romances historiques « Amour Interdit/Différence de classe sociale » en janvier 2024

Courant janvier 2024, je me suis inscrite pour le challenge Romance Historique 2024 proposé par l’autrice, Sarah M. Carr avec chaque mois un thème dédié. Un collectif d’autrices avec sa tête Thallie Perrot s’est également joint au challenge, La Guilde des Histos. Pour plus d’infos, n’hésitez pas à y participer à votre tour et à rejoindre le groupe FB dédié « Romances historiques et autres futilités »: ici et/ou La Guilde des Histos sur Instagram: ici. On peut y retrouver de nombreuses idées lecture. 

Ce billet de suivi a été actualisé, même si j’ai oublié de le mettre en ligne, tout le long du mois de janvier 2024, le thème de ce mois-ci étant le trope « Amour interdit/Différence de classe sociale« .

Parmi les romances proposées sur ce thème par l’organisatrice et la guilde, j’ai noté celles que j’avais déjà lues, certaines pouvant se recouper avec d’autres thèmes des mois à venir du challenge, comme celui par exemple celui de mars « De la haine à l’amour » (enemies to lovers) et de juillet, « Âmes sœurs/Friends to lovers »:

  • Persuasion de Jane Austen (éd. Plume en vol, 2021, 153 pages), roman posthume publié pour la première fois en Angleterre en 1818 avec la différence de classe sociale entre Anne Elliot, fille d’un baronnet et Frederick Wentworth, jeune officier dans la marine sans fortune mais qui se recroisent 8 ans plus tard.
  • le tome 4 de Longhope Abbey, La femme de ma vie de Mia Vincy (éd. J’ai lu, juillet 2023, 352 pages), une romance historique se déroulant en Angleterre avec la différence de classe sociale entre Léopold « Léo » Halton, duc de Dammerton, collectionneur d’objets d’art et qui après un divorce houleux, souhaite se remarier avec une riche jeune femme et ainsi financer sa fondation Dammerton et Juno Bell, la cousine pauvre de son meilleur ami Hadrian et artiste, le jeune homme pensant alors qu’il est tenu de mettre alors un terme à son amitié avec la jeune femme. 
  • le dernier tome (T4) de la saga historique des MacLean, Inconcevable affection de Liv Fox (éd. Autoédition, 2023, 399 pages), une romance historique se déroulant dans les Highlands avec le benjamin de la famille MacLean, Alexander qui est amené à choisir entre son amie d’enfance, Elsie Miller, la dame de chambre de sa belle-sœur Charlene et Miss Amanda Williams, une jeune lady anglaise dont le père est en affaires avec Neil.
  • le tome 2 de Héros malgré eux, La belle des hautes terres de Betina Krahn (éd. J’ai lu pour elle (n° 13884), coll. Aventures & Passions, août 2023, 384 pages), une romance historique se déroulant en Angleterre en 1883 entre Barclay Howard (un homme riche, au physique de grand méchant et qui se prend pour un chevalier blanc du type « Ivanhoé ») qui vient d’être désigné tuteur de son jeune cousin de 6 ans par le testament de son grand-père et Norah Capshaw que le jeune homme engage comme préceptrice (une jeune femme écossaise, pauvre, orpheline et dont la vie semble en danger).
  • le tome 3 de Dernière chance, Le grand retour de Willa d’Eva Leigh (éd. J’ai lu, coll. Aventures & Passion, octobre 2023, 352 pages) avec la romance se déroulant en 1819 entre Domimic Kilburn et Willa Ransome, contraints de se côtoyer lors d’une partie de campagne sur une île écossaise, un an après la rupture de leurs fiançailles, Dom s’étant enfui le jour de leur mariage grâce à l’aide de ses deux meilleurs amis, Kieran et Finn, les frères de Willa.
  • Recherche gentleman fortuné, Guide à l’usage des jeunes filles de Sophie Irwin (éd. Calman-Lévy, 2023, 396 pages), une romance historique se déroulant sous la Régence anglaise, en 1818, entre Kitty Talbot, âgée de 20 ans, l’aînée d’une fratrie de 5 sœurs quitte le cottage familial dans le comté du Dorset pour se  rendre à Londres, le temps de la saison, y chercher un mari fortuné et Lord James Radcliffe, un comte marqué par la guerre contre Bonaparte.

Ce mois-ci, j’ai lu dans le thème:

  • le tome 10 des Audacieuses, Une cavalcade trépidante d’Emma V. Leech (éd. Autoédition, janvier 2024,  346 pages), une romance historique se déroulant en Angleterre et qui suit cette fois la romance entre Lady Héléna Aldophus, la sœur cadette du duc de Lorny et Gabriel Knight malgré leur différence de classe sociale, les deux s’enfuyant se marier à Gretna Green, grâce à la complicité de la femme de chambre Tilly.
  • le tome 2 de Dangereuses demoiselles, La Ligue des sorcières distinguées d’India Holton (éd. J’ai lu, coll. Regency, n°13964, novembre 2023, 352 pages), une romance historique gaslamp fantasy, à l’époque victorienne, entre Charlotte Pettifer, une lady sorcière et le capitaine Alex O’Riley, un pirate irlandais, une romance interdite entre sorcières et pirates avec le trope « enemies to lovers ».
  • le tome bonus (T4) de la série de romances historiques Les alliances imposées : La Belle inconnue de Noël de Liv Fox (éd. Autoédition, janvier 2024, 282 pages), une romance historique hivernale toute mignonne et imprévue entre Lord Green, Duc de Stratford qui se fait pour un notaire de campagne se rendant à Londres et Miss Cassandra Barton en chemin avec sa tante et son domestique pour le Yorkshire, tous étant bloqués par la neige, comme d’autres voyageurs dans une auberge, la Joyeuse Halte, le temps d’un Noël et qui se poursuit par des échanges épistolaires.
  • le tome 2 de La demoiselle et le mousquetaire, Meurtre sur mesure de SD Fischer (éd. Autoédition, décembre 2023, 296 pages), une romance historique se déroulant à Paris sous le règne de Louis XIV entre Joséphine Galtier, fille d’un riche médecin et Jérôme de Faulcon de Montessand, comte et mousquetaire du Roi, les deux étant une nouvelle fois amenés à enquêter ensemble sur le meurtre d’un tailleur.

Cette liste n’est pas exhaustive et ne reflète pas toutes les romances historiques que j’ai pu lire ces dernières années sur ce thème ou lorsque j’étais bien plus jeune. Si d’autres titres me reviennent, je les rajouterai.

Au fil des pages avec Le lys rouge

J’avais lu Le lys rouge de Karen Rose (éd. Harlequin, coll. Mira, 2008, 541 pages), une romance policière contemporaine se déroulant à Chicago. Après le suicide de l’une de ses jeunes patientes par une nuit froide de mars, Tess Ciccotelli, psychiatre est la principale suspecte, la police pensant qu’elle aurait poussé la victime au suicide. Mais ne serait-elle pas au cœur d’une machination? Comment prouver son innocence quand tout la désigne coupable? Pourra-t-elle compter sur l’inspecteur Aidan Reagan, en charge de l’enquête ou de l’aide de son amie avocate?

En empruntant ce livre à la médiathèque en 2022, j’avais été intriguée par le résumé de 4e de couverture qui me faisait penser aux romans policiers de Mary Higgins Clark sans m’apercevoir qu’il s’agissait d’un Harlequin. J’ai apprécié au départ d’avoir le point de vue aussi du tueur et d’essayer de découvrir qui était derrière ce coup monté, Tess étant de plus en plus isolée face à l’accumulation des preuves contre elle, des préjugés et rancœurs des policiers à son égard après une précédente affaire. La jeune femme est alors replongée dans son passé et ne peut s’empêcher de culpabiliser malgré son innocence face à ces meurtres qui touchent n’importe qui dans son entourage (patients, amis, vagues connaissances et même personnes juste croisées de façon fortuite).

Mais très vite, la romance entre Tess et Aidan prend trop le pas sur l’enquête policière qui est pourtant bien rythmée, l’étau de ce tueur manipulateur se refermant à tort sur la jeune femme (confirmant mes premiers soupçons). Ce thriller psychologique aurait mérité de se dérouler sur un laps de temps plus grand, tout s’enchaînant bien trop vite avec une fin où tout se finit bien un peu trop facilement, après avoir vécu le pire! La romance spicy avait tout pour me plaire avec le trope « ennemies to lovers » mais elle est bien trop rapide (le grand amour en quelques jours à peine!) et immature, au vu de leur âge respectif (tous les deux étant beaux et sexy à en oublier que les meurtres s’enchaînent autour d’eux!).

Certains passages renvoyant à une affaire antérieure, celle de Kristen, la belle-sœur d’Aidan, je me suis dit que ce roman faisait partie d’une série, ce qui est bien le cas. Il s’agit du tome 5 de la série « Don’t tell ». Un bon moment de lecture dans l’ensemble qui m’avait donné envie de lire le tome 3, Dors bien cette nuit!

Challenge Petit Bac d’Enna #1 Catégorie Couleur: « Rouge »

Point lecture hebdomadaire 2024 #4

En ce début de semaine, voici notre point lecture hebdomadaire avec un retour sur nos lectures de la semaine dernière (mais pas nos relectures).

Nos lectures du 22 au 28 janvier 2024:

Des lectures jeunesse:

(BD jeunesse) Mortelle Adèle au pays des Contes défaits, Mortelle Adèle, Choupidoulove (T10) et Extra Mortelle Adèle, Une nuit avec ma baby-sitter de Mr Tan et Diane Le Feyer

Et hop! Encore des nouveaux tomes de Mortelle Adèle pour mon mini lecteur toujours aussi fan de Mortelle Adèle and co et qui adore aussi ses chansons! Il a ainsi lu cette semaine deux nouveaux tomes: Mortelle Adèle au pays des Contes défaits de Mr Tan et Diane Le Feyer (éd. Bayard Jeunesse, octobre 2019, 112 pages) et le tome 10 de Mortelle Adèle, Choubidoulove (éd. Bayard Jeunesse, mai 2016, 80 pages) et commencé le livre de jeux-activités, le tome 1 d’Extra Mortelle Adèle, Une nuit avec ma baby-sitter sittrice (éd. Bayard Jeunesse, juin 2019, 96 pages).

Des lectures adulte:

  • (Roman – classique jeunesse américain) Les Quatre filles du Docteur March de de Louisa May Alcott

J’ai fini de lire la 2e partie des Quatre filles du Docteur March de de Louisa May Alcott (éd. Gallmeister, Totem n°166, septembre 2020, 640 pages), dans une nouvelle traduction de Janique Jouin-de Laurens et dans le cadre d’une lecture commune avec Isabelle. L’intrigue se déroule 3 ans plus tard, au moment du mariage de l’aînée des sœurs, Meg et un chapitre se focalisant à chaque fois sur une sœur avant de passer à la vie quotidienne d’une autre.

  • (Romance contemporaine NA) Target Love de Laura Gardénia (T1)

Après avoir lu l’avis enthousiaste de Mylène sur le tome 2, Bad at love, j’ai lu, en e-book, le tome 1, Target Love de Laura Gardénia (éd. Harlequin, coll. New Adult, novembre 2022, 364 pages), une romance contemporaine se déroulant aux États-Unis, dans les Hamptons. Après avoir préparé pendant 5 ans sa vengeance à l’encontre de John Hamilton qui lui a gâché sa vie 10 ans auparavant, il est temps pour Violette, une jeune femme de 27 ans, de passer à l’action en séduisant son fils, Dean, âgé de 30 ans, avec l’aide de sa meilleure amie, Lana qui se fait engager comme secrétaire auprès de lui. Mais comment faire lorsque les sentiments amoureux viennent se mêler à la vengeance? Violette pourra-t-elle aller jusqu’au bout de son plan pour faire chuter John Hamilton? J’ai apprécié ce duo Violette/Dean, chacun plus complexe qu’il n’y paraît, avec son lot de blessures et de secrets même si de nombreux éléments de l’intrigue étaient peu probables et même pas du tout crédibles. Une lecture malgré tout plaisante!

  • (Roman YA) L’Empire des Femmes, Teneros de Cassandre Lambert (T2)

J’ai lu le second tome de la duologie L’Empire des Femmes, Teneros de Cassandre Lambert (éd. Didier Jeunesse, avril 2023, 352 pages), un roman young adult à partir de 15 ans. L’histoire reprend là où le tome précédent s’était arrêté, Elios ayant réussi à enlever Adona sur Teneros, en la cachant dans le district 3, là où il a grandi aux côtés de Markus, chef de ce district et du mouvement pacifiste des masculinistes? J’ai apprécié également ce second tome qui questionne sur la nature humaine et l’égalité des sexes, même si j’ai trouvé la fin peut-être un peu trop rapide tout comme la prise de conscience de Cyrène, bien loin de son image superficielle du premier tome… Un bon voire très bon moment de lecture une nouvelle fois! J’en reparle très vite plus en détails.

Ma lecture en cours:

(Roman fantasy) Les Chroniques oubliées d’Hypérion, La dernière grande invocatrice de Lina Déranor (T4)

J’ai commencé à lire, en e-book, jusqu’au chapitre 16 (279 pages lues) le tome 4 des Chroniques oubliées d’Hypérion, La dernière grande invocatrice de Lina Déranor (éd. Inceptio, décembre 2023, 660 pages), le dernier tome dont la parution a été plusieurs fois repoussée. Le groupe est de nouveau séparé, après avoir appris que la princesse héritière d’Astoria, Juliana Ramani serait enceinte d’Arsène et attend de voir au plus vite célébrer ses noces afin de monter sur le trône d’Agador. Arsène se rend seul auprès de son père, le roi d’Agador qui s’est approprié l’Empire d’Hypérion tandis que Maxine, son frère Gustavio, Félix et Abélard se rendent dans la forêt de Valder à la recherche du temple d’Avani et Soën, Alex et Magenta dans les Monts Gris, là où s’est réfugié l’empereur vaincu de Kunis avec ses soldats et les nobles d’Hypérion. Une ère de paix sera-t-elle possible? Maxine et Arsène devront-ils faire passer leur devoir face à la menace des Ramani avant leur amour? J’apprécie pour le moment de me replonger dans cette saga fantasy, l’intrigue avançant en alternant les points de vue.

Cette semaine c’était une Semaine à mille pages organisée par Le pingouin vert sur IG chaque mois tout au long de l’année 2024. Alors combien ai-je lu de pages cette semaine? 1.219 pages lues sans compter les livres jeunesse lus avec mon mini lutin.

Au fil des pages avec Sambre, Radioscopie d’un fait divers

Le week-end dernier, j’ai lu Sambre, Radioscopie d’un fait divers d’Alice Géraud (éd. JC Lattès, janvier 2023, 400 pages), un essai/documentaire d’une journaliste ayant suivi le procès d’assises d’un violeur en séries surnommé le « violeur de la Sambre » interpellé en 2018 et condamné définitivement en 2022 (après qu’il a renoncé à son appel en octobre 2023) et ayant eu lieu 30 ans après les premiers signalements et plaintes des victimes, les premières remontant à 1988 et même 1986 (au moins au nombre de 56 côté français et d’autres côté belge). Elle s’interroge sur le sort des plaintes des victimes (la plupart étant mineures au moment des faits!) et le dysfonctionnement institutionnel tant du côté de la police/gendarmerie que de la Justice, sous fond d’évolutions législatives, informatiques et scientifiques du traitement des affaires pénales, en particulier celles de nature sexuelle, l’accusé, poursuivant tranquillement sa vie sans être inquiété et ayant commis les faits avec quasiment le même mode opératoire et dans une même zone géographique, le long de la Sambre, dans une région pauvre et industrielle du Nord de la France, à la frontière avec la Belgique.

J’ai trouvé cette enquête journalistique, qui se place du côté des victimes, bien plus pertinente et intéressante que le roman de Philippe Besson, Ceci n’est pas un fait divers, même si l’autrice aurait pu plus insister sur l’impact des politiques pénales (redécoupage de la carte judiciaire, compétence des tribunaux, budget d’État voté pour la Justice et les justiciables…) sur ces enquêtes bâclées et du rôle du Parquet (plutôt que sur celui des Juges d’instruction qui ne sont saisis d’un dossier que sur réquisition du Procureur de la République) et même si elle ne relève rien de nouveau en la matière.

Pour poursuivre et aller plus loin que le débat soulevé par la journaliste, je rajouterai les points suivants:

La Justice est humaine et n’est donc pas malheureusement infaillible, ce qui peut donner lieu comme ici à des erreurs, négligences, préjugés et idées sexistes et/ou racistes qui ont eu de graves répercussions sur les victimes. Mais elle peut aussi compter sur des personnes consciencieuses, investies et professionnelles, qui font leur travail bien au-delà de ce qu’on leur a demandé, comme ici les archivistes de la PJ, certains policiers, magistrats et avocats… Comme dans toute profession, il y a des incompétents et des fumistes. Ce qui ressort d’un procès n’est qu’une vérité judiciaire et non la Vérité. Même à l’ère du tout informatique, il arrive encore que des dossiers soient perdus dans les Tribunaux et qu’aucun jugement ne puisse être prononcé, le Tribunal n’étant pas valablement saisi ou bien qu’une audition ne puisse l’être en raison d’une panne du serveur informatique permettant sa saisie (et doit être alors recommencée), d’une webcam qui ne fonctionne pas ou que même filmée, elle ne puisse pas être gravée sur CD-rom… Il serait intéressant de connaître le sort des plaintes des victimes en Belgique et des nouvelles plaintes déposées en France, à la suite de ce procès, ce qui aura alors une répercussion sur la peine à effectuer du condamné.

Il est indéniable que les avancées technologiques et choix politiques et évolutions sociétales ont considérablement modifiés la façon de traiter une affaire pénale, que ce soit la création de certains fichiers, dans le respect de la CNIL et l’utilisation généralisée des ordinateurs et téléphones portables.

Je n’ai pas compris l’insistance de la journaliste à relever que les juges d’instruction en charge de ce dossier étaient des femmes en début de carrière, sans s’interroger sur les parquetiers de permanence qui ont coordonné l’action des policiers et gendarmes, le turn over étant encore plus important au Parquet. En tout état de cause, un magistrat peut demander, après un premier poste, sa mutation au bout de 3 ans en moyenne.

Alice Géraud met en exergue, dans son analyse, des situations qui peuvent paraître troublantes ou évidentes alors que si on les remet dans leur contexte, ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Tout semble forcément s’emboîter aisément a posteriori, une fois en main l’ordonnance de renvoi du Juge d’Instruction devant la Cour d’assises et les rapports de synthèse dans lesquels les rédacteurs ont remonté le fil du temps et reconstruit les actes perpétrés en les reliant, a posteriori, les uns aux autres.

Elle montre comme des erreurs ou négligences policières des caractérisations d’infractions qui relevaient du droit transitoire, avec l’entrée en vigueur du Code de pénal de 1994 par exemple, sans pour autant préciser qu’en matière pénale, seule une loi plus douce est d’application immédiate et que certaines infractions ont perduré le temps du droit transitoire.  

De même, par exemple, lorsque la journaliste pointe du doigt le conflit d’intérêt de l’un des Avocats. A l’époque, comme les archives des tribunaux et de la police/gendarmerie, rien n’était informatisé dans les cabinets d’Avocat. Et parfois, ce n’est qu’à la lecture du dossier pénal que l’Avocat découvre, souvent plusieurs mois après sa constitution, qu’il a pu intervenir pour quelqu’un d’autre dans la procédure; ce qui a pu être le cas ici puisque le dossier de la victime qu’il avait assistée ne semble pas avoir été joint immédiatement à la procédure initiale.

Cette affaire ayant été médiatisée, cela a permis à la journaliste d’entendre, à l’audience, les procès-verbaux. On voit bien, à la façon dont elle écrit, qu’elle les a pris en note, même si certains témoignages retranscrits tiennent compte de ses entretiens avec certaines des victimes des articles de presse de l’époque. Certes, sans cela, ce livre n’aurait pu voir le jour. Mais rien n’est dit sur l’éventualité d’un huis-clos (demande qui est de droit et qui ne peut être refusée à la partie civile qui le demande, sans formalisme particulier, à l’audience), certaines victimes ayant été mineures au moment des faits (une même âgée de 13 ans).

De même, je m’interroge sur le fait que l’une des victimes de viol (et non pas d’agression sexuelle) qui s’est présentée à l’audience pour être partie civile n’ait pas pu bénéficier d’un Avocat commis d’office, l’aide juridictionnelle étant de droit en cas de viol depuis 2002, et non soumis à des conditions de ressources, le Président de la Cour d’Assises ayant même la possibilité d’en désigner un d’office, au cours même du procès.

Même si les droits des victimes ont bien progressé depuis plus d’une décennie, il reste encore bien à faire pour leur permettre d’être mieux respectées, accompagnées et informées au cours de la procédure pénale, que ce soit en cas de classement sans suite ou en rendant possible pour une victime d’être assistée, dès le dépôt de plainte ou en cas de nouvelle audition, par un Avocat, surtout quand elle est poussée à ne faire qu’une main courante, acte qui n’entraîne aucun suivi judiciaire et qu’il n’y a que le Procureur de la République qui est seul détenteur de l’opportunité des poursuites, et non pas seulement, depuis 2011, en cas de confrontation avec le mis en cause lors d’une garde à vue.

Que de fois ai-je entendu de la bouche même de policiers que les victimes n’avaient pas besoin d’Avocat car ils étaient là pour garantir leurs droits! La preuve évidente que non, même encore aujourd’hui, la parole de la victime n’étant pas rapportée de la même façon selon sa situation personnelle, socio-professionnelle ou même par qui elle est entendue, suivant qui est de permanence au Parquet et le moment du dépôt de plainte (week-end, soir, service dédié ou non aux crimes et délits à caractère sexuel…) et le rôle de l’Avocat étant bien plus large que celui relaté par l’autrice au sujet des travailleurs sociaux en Belgique qui viennent assister la victime lors de son dépôt de plainte (informer, rassurer, conseiller et défendre ses droits).

Chaque victime réagit différemment, que ce soit au moment des faits (la définition ayant évolué au fil des décennies pour retenir par exemple l’état de sidération et la « passivité » bien trop souvent reprochée à la victime comme ce qu’elle aurait pu dire ou porter pour « provoquer » ou « laisser croire » à son agresseur qu’elle aurait pu être consentante) ou bien encore au cours du procès. Cela ressort très bien de cette enquête journalistique, entre celle qui se sent responsable et coupable alors qu’il n’en est rien, celle qui est dans le déni, celle qui veut tout oublier, celle qui est résiliente, celle qui vit dans la terreur et n’arrivera pas à se présenter à l’audience, ne pouvant se trouver dans la même pièce que son agresseur, celle qui au contraire voudra lui faire face… De même, le profil dressé par la journaliste de l’accusé est malheureusement typique d’un délinquant sexuel (viol, pédophilie, inceste….).

Ce qui fait que je n’adhère toutefois pas à l’idée finale de la journaliste qu’on serait plus attentif ou concerné par ce type de sujet lorsqu’on a été victime de faits similaires. Heureusement qu’on peut être concerné et/ou défendre les droits de victimes de délinquant sexuel sans avoir été une!

Je noterai enfin une autre « violence » qui n’est pas abordée par la journaliste, celle des jurés qui ont été désignés et retenus pour ce procès et dont leurs réactions ont pu être très proches de celles que j’ai pu lire dans des avis de lecteurs sur cet essai (choquant, sidérant, colère et peur face à la possibilité qu’un autre prédateur sexuel puisse être dans leur entourage…).

Je pourrai encore écrire longtemps, comme par exemple sur l’évolution de la procédure pénale (prescription, possibilité de poursuivre quelqu’un que si les faits sont pénalement répréhensible, droit d’indemnisation des victimes qui comme ici font face à un condamné insolvable et montant dérisoire accordé par la CIVI/Fonds de garantie quand on compare aux sommes perçues aux États-Unis, accompagnement des victimes, surtout les mineures, secret de l’enquête et de l’instruction face au droit à l’information du public et qui voit se multiplier les conférences de presse des Procureurs de la République, ce que finalement on avait reproché dans cette affaire à la Maire en 2002, suivi d’un condamné sexuel à sa libération conditionnelle qui est bien plus encadré qu’avant…).

Si cela vous intéresse et si vous souhaitez voir comment se déroule un procès, n’hésitez pas à aller assister à une audience correctionnelle, un jour par exemple de comparutions immédiates, les audiences étant publiques. Peut-être que vous y verrez aussi des affaires de viol qui ont été correctionnalisées.

De mon côté, j’ai vu qu’il existait une série sur France Télévisions et je pense la regarder dans les jours à venir.

Pour d’autres avis: Enna (en version audio).

Challenge Petit Bac d’Enna #1 Catégorie Lieu: « Sambre »

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