Étiquette : Philippe Madral

Au fil des pages avec Une sorcière à la Cour

Pour une lecture commune avec Isabelle, j’ai lu Une Sorcière à la Cour de Philippe Madral (éd. du Masque, 2019, rééd. 2021, 500 pages), un roman policier historique relatant l’Affaire des Poisons, sous le règne de Louis XIV, entre 1678 et 1682, sous le point de vue romancé des mémoires de La Reynie, lieutenant de police chargé par le Roi d’enquêter et de poursuivre devant la Chambre ardente les coupables, qu’ils soient issus du peuple ou de la Noblesse.

À la suite de l’exécution publique de la Marquise de Brinvilliers en 1678, le roi Louis XIV confie à La Reynie le soin d’enquêter sur une série d’empoisonnements qui sévit dans tous les milieux de Paris, même au sein de la Cour royale et d’arrêter les responsables et de fermer les officines où sont vendus philtres d’amour, potions en tout genre et autres poisons (arsenic, poudres de succession, avortements clandestins…)… Mais bien vite, il apparaît que ce sont bien plus que des vengeances personnelles. La vie même du Roi est menacée et son proche entourage, comme sa favorite et mère de ses enfants, Madame de Montespan, est mis en cause. Entre dénonciations, chantages et différends privés, affaires de cœur, messes noires, menaces étrangères venant d’Angleterre, conspirations et complots politiques, il est bien difficile à La Reynie d’avancer dans son enquête, de démêler le vrai du faux des aveux recueillis comme de Marie Bosse, de Catherine Deshayes dite La Voisin et de répondre aux attentes du Roi. Parviendra-t-il à aller au bout de son enquête, sans mettre en danger sa propre vie et celle des siens?

J’ai apprécié cette plongée historique dans l’Affaire des Poisons dont il me restait quelques vagues souvenirs d’école. L’auteur s’est, en effet, beaucoup documenté, comme en témoignent les pages de bibliographie à la fin du roman si l’on veut approfondir sa lecture. 

Pour autant, j’ai trouvé qu’il manquait ce souffle romanesque dont parlait la 4e de couverture, même dans les rebondissements dramatiques comme par exemple avec l’ajout fictif de la mouche et ancienne amante de La Reynie ou sur les occasions possibles d’empoisonnement du Roi au vu de sa routine quotidienne faite devant les courtisans et maîtresses – un roi encore bien marqué par la Fronde et quelques années avant l’exercice d’un pouvoir absolu.

Je n’ai pas  accroché non plus à la personnalité romancée de La Reynie qui de son statut (un Noble très proche du Roi), de sa haute fonction (Haut magistrat puis  Lieutenant de police en charge d’affaires sensibles) et de son âge (la cinquantaine) apparaît quand même très candide, pusillanime et très humain, bien que loyal et juste dans son enquête. Certes, je ne peux savoir qu’elle était sa vraie personnalité d’autant qu’il a été à l’origine de la modernisation des rues de Paris avec l’éclairage public, le traitement des déchets par exemple… Mais j’ai eu l’impression que l’auteur dépeint le personnage avec des pensées et positions bien trop modernes quant à la condition de la femme du XVIIe siècle (y compris au sein de son propre mariage) ou vis-à-vis de la religion pour ce partisan fidèle au Roi… De même, s’agissant de sa profession, sa redondante épiphanie lorsqu’il interroge les « sorcières », ne m’a pas paru crédible tout comme sa position vis-à-vis des tortures – la question – infligées sur les suspects arrêtés afin de leur soutirer des aveux. 

Ce même discours moderne, post mouvement #MeToo, se retrouve également dans le caractère des sorcières arrêtées, décrites tant comme profiteuses d’un système et de la naïveté de leurs clients afin de s’enrichir que comme bienfaitrices à l’égard des femmes battues, violentées ou abusées, victimes de grossesse non désirée.

J’ai d’ailleurs ressenti le besoin après quelques pages de ma lecture d’aller chercher sur Internet des informations sur l’Affaire des Poisons et sur La Reynie afin de démêler ce qui relève du fait historique de ce qui est pure invention de la part de l’auteur et ainsi faire la part des choses entre personnages historiques et fictifs du roman.

J’ai enfin noté quelques passages gourmands pour le challenge Des livres (et des écrans en cuisine comme par exemple le chocolat à croquer dont raffolait tant la Reine (p.287) ou bien encore les fastueux repas du Roi avec son lot d’hors-d’œuvre, potages, rôts, légumes et desserts copieusement servis avec du vin et du champagne (p.369 et 415).

Pour un autre avis très mitigé sur ce roman: Isabelle.

Participation #1 Challenge Halloween 2023 de Hilde et Lou #Sorcières

Participation #22 Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2023 de Bidib et Fondant #Cuisine du XVIIe siècle (sous le règne de Louis XIV)

Point lecture hebdomadaire 2023 #36

En ce début de semaine, voici notre point lecture hebdomadaire avec un retour sur nos lectures de la semaine dernière (mais pas nos relectures).

Nos lectures du 4 au 10 septembre 2023:

Des lectures jeunesse:

Cette semaine, mon mini sorcier a encore voulu relire, pour les histoires du soir, des Ana Ana, le tome 2 des Chiens Pirates ainsi que Les Quiquoi et l’étrange attaque du coup de soleil géant. Mais nous avons aussi « pioché » dans nos derniers achats livresques.

(Albums jeunesse) Les Chatvaliers, À la recherche du Grrrall! et Les Chatvaliers contre les Ratons baveurs! de Charles Falque-Pierrotin et Oriana Berthomieu (T1&2)

Nous avons lu les deux tomes des Chatvaliers de Charles Falque-Pierrotin et Oriana Berthomieu: À la recherche du Grrrall! (éd. Gründ, 2022, 40 pages) et Les Chatvaliers contre les Ratons baveurs! (éd. Gründ, 2023, 40 pages), des albums jeunesse à partir de 4 ans selon l’éditeur. Outre les références au Roi Arthur, Excalibur et les chevaliers de la Table Ronde, il y a de nombreux jeux de mots, des références à la pop culture, à l’Art ou bien encore à la mythologie grecque… Les illustrations colorées sont pleines de pep’s et les personnages très expressifs, participant au rythme des histoires. Une bien chouette manière de revisiter les légendes arthuriennes avec des chats comme personnages principaux!

Des lectures adulte:

  • (Global manga/Roman graphique) Sans forme et Sans honte, Une aventure d’Alexia Tarabotti de Gail Carriger et REM  (T2&3)

J’ai lu les deux autres tomes adaptant en mangas les 2e et 3e romans éponymes du Protectorat de l’ombrelle. J’ai ainsi lu le tome 2, Sans forme, Une aventure d’Alexia Tarabotti de Gail Carriger et REM (éd. 2014, Pika, coll. Black Moon Graphics, 233 pages) puis le tome 3, Sans honte (éd. 2014, Pika, coll. Black Moon Graphics, 207 pages), une romantasy steampunk à partir de 14 ans selon l’éditeur mais que je conseillerai plutôt pour des lecteurs plus âgés. Je ne les avais pas lu en romans car seul le tome 2 est disponible en e-book et j’avais lu qu’il se finissait en cliffhanger nécessitant de pouvoir enchaîner avec le tome 3. Je pense que l’adaptation est fidèle aux romans, comme l’était déjà le tome 1. L’action se focalise sur Alexia Tarabotti, jeune mariée qui doit défendre sur tous les fronts, que ce soit vis-à-vis de sa nature de Paranaturelle (une épidémie rendant loups-garous et vampires humains, en particulier dans la meute écossaise de Conall),  son statut de Muhjah au sein du Cabinet Fantôme de la Reine Victoria ou bien encore vis-à-vis de son mariage (partant allant en Italie, chez les Templiers lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte). Un bon moment de lecture même si j’aurai préféré que Lord Conall Maccon soit plus présent!

  • (Romantasy) Les Joyaux d’Ombre et de Lumière, D’ambre et d’obsidienne d’E.J. Jann (T1)

J’ai lu, en e-book, le tome 1 de la trilogie Les Joyaux d’Ombre et de Lumière, D’ambre et d’obsidienne d’E.J. Jann (éd. Autoédition, août 2023, 627 pages), une romantasy décrite comme une dark romance par l’autrice et que je qualifierai plutôt de sombre. L’histoire se déroule dans un monde divisé en 4 royaumes – Nautiléa, Crystalia, Cérésen et séparés des 3 premiers, Abadonne – et où la magie existe. Malgré l’Éveil qui confère à chaque siècle le pouvoir à l’un des royaumes, la paix reste précaire et les jalousies et animosités perdurent entre les royaumes, surtout de la part du couple royal d’Abadonne. C’est ainsi que le Servus Mortis – Kalhan accepte le contrat de tuer Neysa, la princesse héritière de Crystalia âgée de 23 ans. Mais au dernier mot, il y renonce. Après avoir conclu tous les deux un pacte d’âmes, ils se retrouvent liés malgré eux et entendent bien mener chacun leur propre vengeance, en particulier Neysa à l’égard des souverains d’Abadonne. Nous sommes dans un schéma classique de slow burn ennemies to lovers, un trope que j’apprécie, avec une intrigue qui se lit vite mais dont j’avais repéré le principal plot twist final et avec un duo Neysa/Kahlan qui s’attirent autant qu’il se repoussent (et dont la première rencontre 10 ans auparavant me semble de trop). Je continuerai de lire les tomes suivants.

  • (Roman historique) Une Sorcière à la Cour de Philippe Madral

J’ai lu, pour une lecture commune avec Isabelle, Une Sorcière à la Cour de Philippe Madral (éd. du Masque, 2019, rééd. 2021, 500 pages), un roman historique relatant l’Affaire des Poisons, sous le règne de Louis XIV, entre 1678 et 1682, sous le point de vue romancé des mémoires de La Reynie, lieutenant de police chargé par Louis XIV d’enquêter et de poursuivre devant la Chambre ardente les coupables, qu’ils soient issus du peuple ou de la Noblesse. J’en reparle très vite lors du Challenge Halloween.

  • (BD adulte/Roman graphique) Bleu à la lumière du jour de Borja Gonzalez

Pouvant consulter en ligne des BD/romans graphiques grâce à ma médiathèque, j’ai lu Bleu à la lumière du jour de Borja Gonzalez (éd. Dargaud, coll. Hors Collection Dargaud, août 2023, 184 pages), un roman graphique se déroulant à une époque indéterminée ressemblant au Moyen-Âge, décrit par la maison d’édition comme « un conte noir, entremêlant récit d’horreur et dénonciation de l’oppression féminine et relevé d’une touche de fantastique » et qui m’avait intriguée à sa parution. 

Dans un château délabré envahi par la Nature, les femmes et enfants attendent le retour des hommes de la chasse, non sans animosités et rancœurs familiales entre eux, en particulier à l’égard de Mathilde dont la vie semble sur le point d’être sacrifiée, malgré la présence de sa sœur Teresa et le fait qu’un mystérieux oiseau bleu ait pris possession de son esprit. Que se passe-t-il donc au sein de ce château?

Déroutée par ma lecture et après avoir pris connaissance du postface de l’auteur, j’ai voulu en savoir plus et me suis aperçue que c’était son 3e roman graphique et qu’il rentrait dans l’univers des deux premiers, The Black Holes (janvier 2019, 128 pages) et Nuit couleur larme (mai 2021, 144 pages), le personnage de Teresa semblant récurrent. Également accessibles en ligne via ma médiathèque, je les lirai la semaine prochaine en même temps que celui-ci et en reparlerai très certainement dans le cadre du Challenge Halloween. 

En effet, bien que parfois perdue dans l’intrigue, j’ai bien apprécié les illustrations de Borja Gonzalez dont il se dégage un certain onirisme, ésotérisme avec ces personnages sans visage ni mains et l’ambiance oppressante et angoissante qui se referme, inéluctablement sur Mathilde, même si j’ai été déstabilisée par le langage cru et vulgaire de certains protagonistes qui dénote avec le décor médiéval.

Notre lecture en cours:

(Roman jeunesse) Les Lapins de la Couronne d’Angleterre, Le complot de Santa & Simon S. Montefiore et Kate Hindley (T1)

Après avoir lu avec mon mini sorcier Hôtel Heartwood les années précédentes et avec la rentrée des classes, nous commençons une nouvelle série livresque (4 tomes parus) que nous lirons surtout pendant nos trajets en tram, à savoir le tome 1 des Lapins de la Couronne d’Angleterre, Le complot de Santa & Simon S. Montefiore et Kate Hindley (éd. Little Urban, 2020, 208 pages), un roman jeunesse pour les 9/12 ans. Nous avons ainsi fait connaissance avec Timmy Poil-Fauve (1er chapitre lu).

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