Étiquette : laideur

Au fil des pages avec Rouge

J’ai lu Rouge de Pascaline Nolot (éd. Gulf Stream Éditeur, coll. Électrogène, mai 2020, 320 pages), un roman à partir de 15 ans selon l’éditeur mais je dirai plutôt plus au vu de la réécriture très sombre du Petit Chaperon rouge et des thèmes abordés.

A Malombre, un petit hameau accroché au versant du mont Gris et cerné par Bois Sombre, vit une jeune adolescente de 13 ans, Rouge, rejetée par les siens qui l’accablent de tous les maux, née d’une mère devenue folle, Lisiane et qui aurait fauté avec le Diable et présentant des difformités physiques, la tâche rouge sur son visage étant cause d’infamie (aucun villageois ne souhaitant la toucher de peur de se voir transmettre cette marque du Diable). Elle ne peut compter que sur le fébrile soutien du Père François, pilier moral de cette communauté et de son seul ami, Liéonor, un bel et lâche adolescent de son âge, protégé à l’excès par sa mère Elaine. Comme tous les jeunes filles bannies avant elle, une semaine après avoir eu ses premières règles, elle est escortée par des loups jusqu’à la chaumière de Grand-Mère au cœur de Bois Sombre. Son existence pourrait-il encore pire que sa vie jusqu’à présent?

J’ai apprécié le personnage de Rouge qui prend son destin en main, qui fait preuve de résilience, de courage et de bonté pour affronter les différentes épreuves qu’elle subit, que ce soit les actes ignobles des villageois du fait de sa naissance et de son physique qui en ont fait leur souffre-douleur, du Chasseur qu’elle rencontre dans la forêt ou en optant par un choix de vie bien différent de Grand-Mère qui s’est retrouvée piégée dans sa beauté. J’ai d’ailleurs apprécié son arc narratif, avec un conte dans le conte et qui permettra à Rouge de s’émanciper, sa personnalité étant bien plus posée et aimable que la vieille sorcière. Jusqu’au bout, l’adolescente va tenter de faire fi de son parcours pour aider les autres, même ceux qui l’ont sans cesse repousser comme son prétendu père Gauvain et de se laisser guider par son cœur et non par la noirceur.

Il y est ainsi question de quête initiatique, de condition de la femme, de préjugés, d’apparences trompeuses (beauté/laideur), de choix de vie, de résilience, de superstitions religieuses et de faux semblants pour maintenir dans la peur tout un village… Cette réécriture m’a d’ailleurs fait penser par certains côtés à La fille qui avait bu la lune de Kelly Barnhill (éd. S.N. Editions Anne Carrière, novembre 2017, 366 pages), les villageois vivant en autarcie et sous le joug d’une puissance maléfique, le sort de Malombre ayant sa source dans l’acte impardonnable de la mère de Rouge, Lisiane ayant pactisé avec le Diable afin d’assouvir son désir d’enfant et au détriment de la vie de toutes les filles à naître du village.

Cette réécriture du conte originel est sombre et prenante, les apparences étant bien trompeuses et  la laideur et la cruauté n’étant pas là où ils semblent être de prime abord. On y retrouve dans des rôles bien différents, la grand-mère, le chasseur et le loup. Une réécriture réussie, le récit alternant passé et présent, avec des personnages complexes et bien travaillés, dont un rebondissement pour l’un d’eux m’a même surprise!

Pour d’autres avis sur ce roman: Audrey.

Participation #13 Challenge Contes & Légendes 2024 de Bidib #Conte revisité

Participation#8 Challenge 2024 sera classique aussi! de Nathalie #Conte revisité

Challenge Petit Bac d’Enna #3 Catégorie Couleur : « Rouge »

Nos lectures « La Belle et la Bête »

Après avoir lu La Belle et Ganesh lors du RAT des Contes et légendes d’Inde le mois dernier, j’ai eu envie de rédiger un billet thématique sur La Belle et la Bête, le thème du mois d’août du Challenge 2021, cette année sera classique étant « L’Amour ». Finalement je ne fais ce billet qu’en septembre autour de ce conte dont la version la plus connue est celle de Marie-Jeanne Leprince de Beaumont et parue en 1756.

Des versions classiques (texte intégral ou abrégé/adapté):

  • (Recueil de contes) La Belle et la Bête et autres contes

J’ai lu La Belle et la Bête et autres contes (éd. Librio, diff. Flammrion, 2016, 79 pages), un recueil de contes courts et reprenant le texte intégral en commençant par le plus connu de ces contes, La Belle et la Bête.

Un riche marchand, père de six enfants perd toutes ses richesses et part vivre avec eux à la campagne. Un jour, il retourne en ville. Mais en revenant, il se perd et trouve refuge dans un château. Se souvenant que sa fille cadette, Belle lui avait demandé une rose, il en cueille une dans le jardin du château, provoquant la colère de son propriétaire, la Bête. Le marchand l’implore de revoir une dernière fois ses enfants. Pour sauver son père, Belle accepte de vivre auprès de la Bête, malgré sa peur et le dégoût ressenti à la vue de ce monstre. Et si les apparences étaient trompeuses?

Mêlant ambiance surnaturelle et parcours didactique/initiatique d’une jeune femme préparée au mariage, l’autrice apporte une réflexion sur l’Amour, qu’il soit paternel, filial ou marital et partant sur le bonheur et sur ce qu’est une richesse ou bien encore la monstruosité. Elle aborde aussi les thèmes des apparences trompeuses, du mariage, du bonheur et de jalousie (avec les deux sœurs de Belle).

Les contes qui suivent reprennent les mêmes thématiques, en particulier l’éducation de la Vertu au sens du XVIIIe siècle. Étymologiquement associée à des qualités viriles comme le courage et la force morale, la Vertu glisse sémantiquement pour signifier une disposition à faire constamment le bien puis est associée à la femme qui doit être fidèle et chaste au XVIIIe siècle. Elle est le contraire du Vice qui est à proscrire dès le plus jeune âge, dans l’éducation des enfants.

L’autrice était également gouvernante d’enfants de la haute société anglaise. Ce sont des contes moraux où il est question d’éducation des jeunes enfants – fille ou garçon – pour les instruire au mieux selon leur tempérament. Plusieurs des contes mettent scène des jumelles comme dans Belote et Laidronette, la première est si belle qu’elle en oublie de cultiver son esprit et sera aidée par sa sœur pour reconquérir le cœur de son époux. Il est aussi question de distinguer l’amour-passion de l’amour-amitié, la seconde étant à privilégier pour un mariage réussi, la beauté se fanant et l’esprit perdurant. D’autres mettent en scène des jumeaux comme dans Le prince Fatal et le prince Fortuné, les corrections/malheurs subis par le premier afin de remédier à son mauvais caractère de naissance tandis que le second, gâté par la flatterie est devenu méchant alors qu’il était né bon.

  • (Album jeunesse) La belle et la bête de Madame Leprince de Beaumont et Annette Marnat

Après avoir lu La Belle et la Bête et autres contes de Madame Leprince de Beaumont, j’ai enchaîné avec cette version illustrée par Annette Marnat (éd. Flammarion Jeunesse, Père Castor, 2017), un album jeunesse à partir de 5 ans et aux magnifiques illustrations. Le trait délicat et doux d’Annette Marnat accompagne le texte merveilleux où il est question de malédiction, d’amour, de vertu, de jalousie et d’apparences trompeuses. Un très bon moment de lecture!

  • (BD jeunesse) La Belle et la Bête d’Hélène Beney et Dawid

Nous avons également lu La Belle et la Bête d’Hélène Beney et Dawid (éd. Bamboo, 2020) dans la collection « Ma première BD » à partir de 3 ans presque sans texte (à l’exception d’un titre par planche) et qui contient également un petit dossier pour apprendre à dessiner les personnages principaux de l’histoire ainsi qu’une version contée. Les émotions ressenties par Belle qui évoluent au-fur-et-à-mesure de sa relation avec la Bête sont bien rendues, comme celles de la Bête qui se font écho de celles de la jeune femme. Une jolie version pour se replonger dans le conte originel et initiée les plus jeunes lecteurs au format BD!

Des versions revisitées/détournées du conte:

  • (Album jeunesse) La Belle et Ganesh de La Luciole Masquée et Joël Cimarrón

J’avais également lu La Belle et Ganesh de La Luciole Masquée et Joël Cimarrón (éd. Karibencyla, 2009), un album jeunesse à partir de 6 ans et qui est une version revisitée du conte, la Bête étant ici le dieu Ganesh, dieu de la Sagesse et de l’Intelligence accompagné de sa petite souris blanche, Mûshika et le lilas blanc ayant remplacé la rose. J’y retrouve les mêmes thèmes que dans le conte originel, même s’il s’agit avant tout d’amitié que d’amour. Alors que dans l’histoire originelle, les deux méchantes sœurs de Belle font des mariages ratés. Ici, la punition est toute autre et renvoie au folklore hindou. Un bon moment de lecture avec cet album jeunesse aux très jolies illustrations à l’huile! Pour un autre avis sur cet album: Blandine.

Participation #56 au Challenge Contes & Légendes 2021 de Bidib #Conte classique

Participation #22 au challenge 2021, cette année sera classique de Blandine et Nathalie #Conte classique

challenge 2021 lire au féminin

Participation #56 au Challenge Lire au féminin de Tiphanya #Autrice/illustratrice françaises

Participation #7 aux Étapes Indiennes de Hilde et Blandine #Étapes n°6 et 8

© 2024 JOJO EN HERBE

Theme by Anders NorenUp ↑