Étiquette : enquête policière (Page 4 of 7)

Au fil des pages avec Les ombres de Big Ben

Pour le thème « Roman noir/thriller/policier » du Mois Anglais 2023, j’ai choisi Les ombres de Big Ben de Michelle Salter (éd. L’Archipel, 2023, 350 pages), un roman policier historique que j’ai lu en mars dernier, intriguée par l’illustration de couverture et les thèmes abordés dans le résumé.

En 1920, Iris Woodmore est une jeune journaliste stagiaire qui couvre la campagne des législatives partielles de sa circonscription avec trois candidats dont pour la première fois deux femmes au poste de Député d’Adlershot: Sybil Siddons pour les Libéraux,  Lady Delphina Timpson pour les Conservateurs et Donald Anstey pour les Travaillistes. En suivant cette campagne, elle est amenée à enquêter sur le décès de sa mère. En effet, sa mère était décédée en 1914, peu avant la Première Guerre Mondiale, des suites d’une chute accidentelle dans la Tamise au cours d’une manifestation de suffragettes. Les candidats à cette élection semblent d’ailleurs liés au passé de sa mère tout comme la disparition non résolue d’une autre suffragette, Rebecca qui était femme de chambre chez les Timpson.

J’ai apprécié cette enquête, surtout la première partie, dans une société anglaise en pleine mutation après la Première Guerre Mondiale. Dans un premier temps, nous sommes plongés dans l’univers des suffragettes et leur lutte pour gagner le droit de vote. Puis l’enquête de la jeune femme prend un autre tournant en découvrant les sombres secrets de la famille Timpson. Il est alors toujours question des droits de la femme mais dans la sphère privée, au sein du couple ou plus largement des violences intrafamiliales. Le roman prend  alors un ton que j’ai trouvé trop moderne pour l’époque d’après-guerre, faisant écho à des préoccupations actuelles du lecteur.

Il y est aussi question d’inégalités sociales (comme entre aristocrates et domestiques…), de condition de la femme, des luttes d’émancipation féminine face au fort conservatisme patriarcal, de secrets de famille, du travail des enfants, d’éthique journalistique, de corruption des politiques, du sort des anciens combattants…

Un bon moment de lecture malgré le rythme lent du récit et le fait que je m’attendais à être encore plus plongée dans le combat des suffragettes! Il s’avère que ce roman est le premier d’une nouvelle série livresque mettant en scène Iris Woodmore, une jeune femme de 21 ans au tempérament curieux, ouverte d’esprit, déterminée et indépendante bien qu’encore un peu immature dans certains domaines compte-tenu de son jeune âge. Un deuxième tome est déjà paru au Royaume-Uni. Je le lirai volontiers lorsqu’il sera traduit, ayant également apprécié les personnages secondaires qui entourent la jeune femme comme son mentor et rédacteur en chef du journal Walden Herald, Elijah, le propriétaire du journal, Horace Laffaye et son nouvel ami fort attachant, Percy Baverstock.

Petit aparté judiciaire: Il faut attendre les années 90 pour que la législation sur le viol conjugal progresse au niveau européen et pour qu’enfin le viol conjugal soit reconnu pénalement répréhensible. C’est le cas par exemple avec l’arrêt de la CEDH du 22 novembre 1995, S.W. c/ Royaume-Uni: ici mettant fin à un des principes de la Common Law iss de la thèse du juge Matthew Hale de 1736 d’immunité conjugale, à savoir « Lépoux ne peut être coupable dun viol commis par lui-même sur sa femme légitime, car de par leur consentement et leur contrat de mariage, lépouse sest livrée à son époux, et elle ne peut se rétracter ». En France, ce n’est que depuis 1994 que c’est inscrit dans le Code pénal et que depuis 2014 qu’a été retiré du Code civil le terme « bon père de famille » avec la théorie napoléonienne du « pater familias » comme figure de moralité.

Pour d’autres avis sur ce roman: Light and Smell et Bianca.

Participation # Le Mois Anglais 2023 de Lou et Titine #Roman Policier

Participation #8 (Parcours littéraire) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2023 de Bidib #Royaume-Uni

Participation # Challenge British Mysteries de Hilde et Lou #Roman policier

Au fil des pages avec De larmes, de rouille et d’acier

Ayant bien apprécié Jadis, je t’aime de Romane Clessie, j’ai lu un autre roman de cette autrice: De larmes, de rouille et d’acier de Romane Clessie (éd. Bookmark, coll. Onirique, 2023, 476 pages), un roman steampunk mêlant espionnage, enquête policière et romance. Pour pouvoir soigner sa jeune Poly très malade, Violette a choisi de devenir une prétendante au sein de l’institution de Néo-Terra tenue par Madame Bihorel et ainsi pouvoir devenir l’épouse d’un riche Néo-Terrien. Mais à la suite d’une effroyable agression qui l’a laissée pour morte, elle est recyclée et sous une nouvelle identité, Rose devient une espionne et en colère, souhaitant à tout prix retrouver ses agresseurs et venger la mort de Poly faute de soins payés.

Pour sa première mission, elle est envoyée comme l’une des 4 prétendantes au sein d’une riche et influente famille Néo-Terrienne, les Delorme afin de séduire Jules, le fils dont les parents veulent lui trouver une épouse et enquêter sur des activités très controversées du père et sur une série de meurtres dont les victimes sont retrouvées sans leurs globes oculaires. La jeune femme arrivera-t-elle à ses fins et à rester en vie, les prétendantes non retenues étant tuées les unes après les autres? Pourra-t-elle faire confiance au neveu de la famille, Édouard?

Même s’il y a quelques facilités scénaristiques dans la résolution de l’enquête, l’écriture est fluide et addictive. On cherche, comme Violette, à percer les mystères de chacun et les liens qui unissent les personnages entre eux, leurs parts d’ombre. L’enquête tient en haleine même si la fin qui prend une dimension politique et sociale est à mon goût un peu trop rapide et simple et un peu trop en happy end (je m’attendais à un peu plus de morts et moins de rédemption et pardon). Quant à la romance entre Violette et Edouard, elle est toute mignonne et apporte une touche de légèreté.

J’ai apprécié l’univers steampunk et rétrofuturiste inspiré de l’ère victorienne imaginé par l’autrice, en particulier avec les personnes et animaux recyclés et dont les corps sont réparés avec du métal, la maison « vivante » dont les pièces changent de place chaque jour ou bien encore les machines robotiques inventées par Édouard. J’ai également apprécié cette revisite en quelque sorte de La Machine à voyager dans le temps de H.G. Wells en mode steampunk, Néo-Terra étant le lieu de fortes inégalités sociales entre pauvres vivant sous terre et riches vivant à la surface. Un bon voire très bon moment de lecture riche en révélations, secrets de familles, intrigues politiques et révolte!

Au fil des pages avec le tome 1 des Enquêtes de Lady Rose

J’ai lu, pendant le RAT British Mysteries 2023, le tome 1 sur 4 des Enquêtes de Lady Rose, Meurtre et séduction de M.C. Beaton (éd. Albin Michel, 2021, 299 pages), un roman historique au ton léger mêlant romance et enquête policière paru pour la première fois en Angleterre en 2003 et se déroulant à l’époque édouardienne, au début du XXe siècle.

Après avoir provoqué un scandale en s’affichant avec les suffragettes et un début de saison catastrophique, Lady Rose âgée de 19 ans est poussée par ses parents à se marier. Mais lorsqu’elle est courtisée par un prétendant douteux, son père engage le capitaine Harry Cathcart pour se renseigner. Ce dernier, un aristocrate désargenté de 28 ans, se découvre alors des talents de détective privé. Quelques semaines plus tard, lors d’une partie de campagne, Lady Rose et le capitaine Harry sont amenés à s’associer pour enquêter sur le meurtre d’une jeune lady célibataire et empêcher leur hôte d’étouffer l’affaire pourtant confiée à l’inspecteur Kerridge. 

Ce tome étant introductif, l’enquête de ce duo détonnant démarre tardivement pour finir dans un huis-clos où chaque invité de la partie de campagne peut être en danger ou suspect. En effet, la longue première partie du roman pose les bases des futurs rapports entre Lady Rose et le capitaine Harry, même si aucune romance ne se forme réellement dans ce tome, ce dernier reprochant à la jeune femme de ne pas être féminine (comprendre qu’elle ne tente pas de le séduire comme le ferait une débutante en quête d’un mari).

J’ai apprécié les principaux personnages qui sont atypiques et au tempérament décalé pour l’époque édouardienne, chacun défiant, avec audace, les conventions sociales et sociétales en place, que ce soit Lady Rose, une belle jeune femme cultivée, aux idées féministes et progressistes qui détonnent pour l’époque et et qui par ennui devient détective amatrice, se liant d’amitié avec sa femme de chambre Daisy et refusant farouchement le mariage, rêvant plutôt de travailler comme les classes bourgeoises, le capitaine Harry Cathcart qui en vient à travailler au détriment de son statut d’aristocrate ou bien encore l’inspecteur Kerridge qui ne cache pas son aversion pour les aristocrates. Sans oublier la femme de chambre Daisy et le valet Becket qui ne sont pas insensibles l’un à l’autre.

Derrière un ton badin et des rebondissements rocambolesques, il est ainsi question de critique de la société édouardienne, en particulier de la condition de la femme et des rapports inégaux entre classes sociales, la haute aristocratie s’accordant des privilèges, même pour influer sur le cours d’une enquête policière. Un bon moment de lecture proche du vaudeville qui me donne envie de lire les trois tomes suivants!

Pour un autre avis sur ce tome 1: Isabelle.

Participation #2 Challenge British Mysteries de Hilde et Lou #Roman policier

Challenge Petit Bac d’Enna #1 Catégorie Couleur: « Rose »

Participation #2 (Parcours littéraire) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2023 de Bidib #Royaume-Uni (Écosse)

Au fil des pages avec Les enfants sont rois

J’ai lu Les enfants sont rois de Delphine de Vigan (éd. Gallimard, 2021, 348 pages), un roman policier se déroulant dans l’univers des réseaux sociaux et en particulier des très jeunes enfants influenceurs. Le 10 novembre 2019, Kimmy Diore, âgée de 6 ans, a disparu alors qu’elle jouait avec son frère aîné, Sammy, âgé de 8 ans et d’autres enfants de la résidence. Très vite, les enquêteurs en charge de l’enlèvement comme Clara Roussel, une « procédurière », s’intéresse aux activités de la famille, la mère des deux enfants, Mélanie Claux mettant en scène les deux jeunes enfants sur une chaîne YouTube et son compte Instagram. L’enlèvement est-il en lien avec cette surmédiatisation de leur vie privée? Kimmy était-elle si heureuse, comme le soutient la mère, d’être ainsi mise à nu sur les réseaux sociaux? 

J’avais vu passé de nombreux avis très élogieux de ce roman et pourtant, je l’ai trouvé sans plus, malgré le propos que je peux partager (la nécessité de la protection de la vie privée des enfants, les dérives de la surmédiatisation de leur vie, le problème de consentement, de choix, de libre-arbitre et de soumission au diktat de leurs parents qui à travers eux peuvent combler un vide affectif, un besoin de reconnaissance et d’être aimé, de droit à l’oubli, le poids du regard de l’autre dans la construction de sa personnalité ou bien encore la question d’une vie avec ou sans réseaux sociaux…). Cela rappelle déjà les critiques à l’égard des enfants comédiens, musiciens ou mannequins (les concours de Mini Miss, les castings…) avec le destin parfois tragiques des anciens enfants stars et leur mal-être affectif/social (troubles psychologiques, dépendance affective, à l’alcool, aux drogues ou bien encore inadaptation sociale…).

Le style d’écriture de Delphine de Vigan est très plat, sans envolée romanesque et bien trop sommaire et descriptif, plus proche de l’article de presse ou d’un mémoire de sociologie d’un étudiant en licence… Les personnages sont sans réelle nuance et peu approfondis, même lorsque le roman se projette dans le futur, dans les années 2030 lorsque Sammy et Kimmy sont devenus adultes et doivent vivre avec leur célébrité et les choix parentaux, en particulier de leur mère. Je ressors de ma lecture très mitigée, l’autrice n’ayant pas réussi, à mon sens, à choisir entre l’essai et la fiction.

Petit aparté judiciaire: Il est question de la Loi du 19 octobre 2020 visant à encadrer l’exploitation commerciale de l’image d’enfants de moins de 16 ans sur les plateformes en ligne. Toutes ces mesures étaient applicables dans les 6 mois de la publication de cette loi, soit en avril 2021. Or plusieurs de ces mesures nécessitaient un décret d’application qui n’est paru que récemment, à savoir le Décret n°2022-727 du 28 avril 2022.

Challenge Petit Bac d’Enna #5 Catégorie Famille: « Enfants »

Participation #78 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #France

Au fil des pages avec Moon river

J’ai lu fin mai 2022 Moon river de Fabcaro (éd. 6 Pieds sous terre, 2021, 80 pages), une BD adulte à la couverture noire, chic et sobre qui contraste fortement avec son contenu totalement décalé, absurde, loufoque et plein d’autodérision. A Hollywood, dans les années 50, l’actrice Betty Pennyway est victime d’un « crime » atroce. L’inspecteur Hernie Baxter est alors chargé de l’enquête. Qui a bien pu commettre un tel acte sur cette actrice en vogue?

Mélangeant les genres, les graphismes et les époques, Fabcaro s’amuse avec les codes du polar tout en parodiant le film noir et les films à l’eau de rose. Pourtant, derrière ce grand n’importe quoi, une cohérence se dégage dans l’utilisation des graphismes : le tournage de films hollywoodiens avec beaucoup de couleurs ou des photo-montages, l’enquête à proprement dite dans des tons noir, gris et blanc ou bien encore une vraie/fausse autobiographie mettant en scène le dessinateur et ses filles dans les tons sepia. Le texte est bourré de jeux de mots et de références à la pop culture (pubs, Scooby-Doo ou encore un détournement non pour les enfants de Mireille l’abeille d’Anton Krings…). L’enquête policière n’est alors qu’un prétexte à ne pas se prendre en sérieux tout en pointant du doigt les travers hollywoodiens (vanité, gloire, célébrité…) et les difficultés de création d’une œuvre par exemple. Un moment de lecture très rigolo!

Et au détour d’une case, il y a même de façon totalement incongrue la recette des endives au jambon que je note pour le challenge Des livres (et des écrans) en cuisine.

Pour d’autres avis sur cette BD: Aproposdelivres.

Challenge Petit Bac d’Enna #3 Catégorie Art: « Moon River » (chanson)

Participation #51 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #France

Participation #25 Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2022 de Bidib et Fondant #Endives au jambon

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