Vendredi, j’ai commencé une nouvelle série de cosy mystery, Son espionne royale de Rhys Bowen que j’avais repérée depuis un moment et qui me plonge dans la vie londonienne des années 30, à l’époque de la Grande Dépression. Et samedi soir, j’avais déjà fini les deux premiers tomes empruntés et qui se sont rajoutés à ma PAL pour le British Mysteries Month.
- Son espionne royale mène l’enquête (T1)
Je commence, vendredi matin, par le tome 1, Son espionne royale mène l’enquête de Rhys Bowen (éd. Robert Laffont, coll. La bête noire, 2019), paru la première fois en Angleterre en 2008. En avril 1932, surprenant une conversation entre son demi-frère Binky et sa femme, Fig au sujet de l’intention de Sa Majesté la Reine d’Angleterre de la voir épouser à un prince roumain, Lady Victoria Georgiana Charlotte Eugénie, surnommée Georgie décide de quitter le château de Rannoch, en Ecosse, pour s’installer seule dans la maison familiale de Londres, Rannoch House, dans le quartier huppé de Belgravia Square.
Mais il n’est pas si simple pour Lady Georginia, jeune femme de 21 ans, de gagner son indépendance, seule et sans ressources, son demi-frère lui ayant coupé sa rente quelques mois plus tôt – sans chaperon ni même une femme de chambre. Elle est, en effet, du côté de son père, de rang royal et à ce titre est la 34ème héritière du trône britannique dans l’ordre de succession. Mais pas du côté de sa mère, une ancienne actrice qui passe de mari en mari à travers l’Europe et les États-Unis, plus préoccupée par ses charmes que par sa fille. Il n’est ainsi pas permis à Lady Georginia de travailler comme tout un chacun et elle décide d’ouvrir une agence de domestiques de luxe dont elle est la seule bonne employée incognito.
La jeune femme fait donc partie de cette aristocratie désargentée qui a subi le crack boursier de 1929. Ruiné, son père le Duc s’est suicidé en laissant de nombreuses dettes derrière lui. Son demi-frère Binkie est d’ailleurs sur le point de céder le château de Rannoch que leur père a perdu aux jeux au profit d’un sombre personnage français, Monsieur Gaston de Mauxville. Mais ce dernier est retrouvé mort dans la baignoire de Rannoch House, Binky étant le principal suspect. Lady Georginia mène alors sa propre enquête pour l’innocenter.
Se rajoute à cela une convocation à Buckingham Palace, la Reine lui confiant une mission mondaine que Lady Georginia ne peut décliner: se rendre à une partie de campagne pour espionner son cousin, le Prince de Galles, David qui semble s’être entiché d’une riche américaine encore mariée, Madame Wallis Simpson, ce qui déplaît fortement à la Reine.
Mais comment mener à bien sa mission? Heureusement, Lady Georginia peut compter sur l’une de ses anciennes amies du pensionnat en Suisse, Belinda qui aime les mondanités et les hommes, son grand-père paternel, un policier en uniforme à la retraite qui vit dans l’East End et aussi un lord irlandais désargenté comme elle, Darcy O’Mara.
Lady Georginia est une jeune héroïne fort attachante, faisant preuve tour à tour de candeur et d’impulsivité juvénile mais aussi de beaucoup de détermination, d’audace et d’ingéniosité. Même si les cadavres s’amoncellent étrangement sur son chemin, elle reste elle-même en toutes circonstances, gardant à l’esprit les leçons apprises plus jeunes, « une Lady ne montre jamais ses émotions en public » et la devise familiale, « la mort plutôt que le déshonneur ». Elle m’a ainsi fait penser à Cluny Brown, même si dans Les aventures de Cluny Brown de Margery Sharp (éd. Belfond, coll. Vintage, (1944) 2015), la jeune femme du même âge est une femme de chambre qui ne sait pas rester à sa place selon ses proches.
Je suis Lady Georginia avec beaucoup de plaisir entre son travail incognito au sein de son agence domestique de luxe, son enquête pour innocenter son demi-frère et sa mission d’espionnage pour la Reine Mary. Bien sûr, dans ce genre de roman, le meurtrier est facilement identifiable. Il y est aussi question de la condition de la femme dans les années 30 même si elle est abordée de façon plus superficielle que dans d’autres romans que j’ai lus récemment mais qui se passaient à une autre époque, à l’ère victorienne par exemple dans la série Lizzie et Ben Ross d’Ann Granger. Un très bon moment de lecture avec ce cosy mystery certes classique mais léger, pétillant et à l’humour so british!
- Son espionne royale et le mystère bavarois (T2)
Puis j’enchaîne immédiatement, vendredi soir, avec les premiers chapitres du deuxième tome, Son espionne royale et le mystère bavarois de Rhys Bowen (éd. Robert Laffont, coll. La bête noire, 2019), également paru pour la première fois en Angleterre en 2008. Quelques semaines se sont passées depuis les événements du premier tome. Début juin 1932, Lady Georginia est à nouveau convoquée chez la Reine qui lui confie une nouvelle mission mondaine: accueillir chez elle une princesse bavaroise, la princesse Hanneflore de Bavière et jouer les entremetteuses lors d’une rencontre à la campagne avec le Prince de Galles qui continue de s’afficher avec Madame Simpsons. La Reine Mary espère ainsi une union entre Hannie et son fils aîné.
Toujours aussi pauvre, Lady Georginia se démène pour accueillir comme il se doit la princesse à Rannoch House qui arrive accompagnée d’une dame de compagnie, une baronne bavaroise et de sa femme de chambre. Elle se fait aider par son grand-père et sa voisine, Madame Huggins qui se font passer respectivement pour son majordome et sa cuisinière. Elle arrive même à engager une femme de chambre le temps de cette visite officielle.
Mais la jeune princesse Hannie, âgée de 18 ans et sortant du couvent, est bien ingérable et suit encore moins les convenances dues à son rang, parlant un anglais vulgaire appris dans les films américains de gangsters et s’amarouchant de tous les hommes qu’elle rencontre comme Darcy O’Mara (ce qui rend jalouse Lady Georginia) ou encore Sidney Roberts, sympathisant communiste. Bientôt, la princesse est mêlée au meurtre de ce dernier. Pour empêcher tout incident diplomatique, Lady Georginia est missionnée par la Reine pour trouver le véritable assassin. Sera-t-elle une nouvelle fois à la hauteur de sa mission de détective amatrice?
Comme dans le premier tome, le ton est toujours aussi léger et agréable, les événements s’enchaînant les uns les autres, sous fond historique (tensions sociales entre les partisans socialistes et les Chemises noires en Angleterre mais aussi la montée du nazisme en Allemagne et le stalinisme en Union Soviétique), jusqu’au dénouement qui en dévoile un peu plus sur Darcy O’Mara. Lady Georginia est, en effet, toujours bien secondée par son amie Belinda et son grand-père, sans oublier les arrivées toujours à propos de Darcy et les séries de décès auxquels elle assiste une nouvelle fois. Encore un très bon moment de lecture! J’espère pouvoir emprunter les tomes suivants à la médiathèque lorsqu’ils seront disponibles pour continuer à suivre les enquêtes de cette attachante détective amatrice.
C’était ma participation avec un peu de retard à la journée « Cosy Mystery » du 5 mars du British Mysteries Month de Hilde et Lou. Et comme nous sommes le premier dimanche du mois de mars, c’est aussi British Mysteries en cuisine avec le challenge Des livres (et des écrans) en cuisine de Bidib et Fondant Grignote. Même si Lady Georginia mange beaucoup de haricots blancs à la sauce tomate, j’ai noté quelques passages gourmands comme le thé de la Reine, un thé de Chine avec des rondelles de citron et accompagné de nombreux plats: « Un à un, les plats furent disposés sur la table. De minuscules sandwichs coupés en triangle d’où pointaient des brins de cresson, des présentoirs à gâteaux constellés d’éclairs miniatures et de tartes aux fraises tout aussi menues ». (tome 1, p.36/37) et aussi un déjeuner entre Lady Georginia et Belinda au Savoy, un restaurant huppé: « Belinda commanda toutes sortes de plats délicieux – une salade d’endives au saumon fumé et des côtes d’agneau grillées accompagnées d’un bordeaux moelleux à souhait, le tout suivi d’un succulent pudding au pain beurré » (tome 2, p.36). Gare aux thés empoisonnés quand même!
Pour d’autres avis sur le tome 1: Katell , Belette, FondantGrignote et sur le tome 2: Katell, FondantGrignote, Pativore.
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