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Au fil des pages avec Poussière blonde

En janvier dernier, j’ai lu Poussière blonde de Tatiana de Rosnay (éd. Albin Michel, février 2024, 320 pages), un roman qui faisait écho à ma précédente lecture sur Ava Gardner avec une autre icône de l’âge d’or du cinéma hollywoodien, Marilyn Monroe.

En janvier 2020, Pauline Bazelet assiste à la destruction du Mapes Hotel, palace réputé mais fermé et à l’abandon depuis plusieurs décennies, à Reno, dans le Nevada, avec sa meilleure amie Billie-Pearl. C’est l’occasion de se souvenir d’une rencontre qui a changé son destin, pendant l’été 1960, lors du tournage du film Les Désaxés de John Huston. En ce temps-là, Pauline était une jeune mère célibataire discrète et effacée de 20 ans vivant chez ses parents et qui travaillait comme femme de chambre au Mapes Hotel, ayant dû laisser de côté ses rêves de devenir vétérinaire. Lorsqu’elle est appelée pour nettoyer la suite 614, elle ne s’attendait pas à faire la connaissance de Mrs Miller, une femme hagarde dont elle ne comprend pas tout de suite qu’elle est Marilyn Monroe.

J’ai apprécié découvrir la vie de Pauline et son émancipation à travers des flashbacks et ses échanges avec l’actrice qui se montre tout à la fois fragile et à fleur de peau, sous l’emprise des médicaments et pourtant si gentille et bienveillante à l’égard de la jeune femme. Même si l’illustration de couverture est une photographie de Marilyn Monroe, ce livre n’en est pas une biographie romancée, l’actrice étant un personnage qui permettra à l’héroïne du roman, Pauline, de reprendre sa vie en main. On y découvre cependant l’actrice à un moment particulier de sa vie, quelques mois avant son décès en 1962, la fin de son mariage désastreux avec Arthur Miller qui l’a pourtant choisi comme actrice de son film et son nouvel amour pour son amant Yves Montand rencontré lors du tournage du Milliardaire et qui ne quittera pas sa femme pour elle.

Il y est ainsi question de quête initiatique, d’émancipation féminine, de choix de vie… J’ai apprécié le style d’écriture de l’autrice, à la fois délicat et immersif. Un très bon moment de lecture avec cette rencontre amicale, improbable, libératrice et touchante entre deux femmes que rien ne prédestinait à se côtoyer, à l’image des mustangs, ces chevaux sauvages qui ont également leur importance dans le récit! Cela m’a rappelé Au prochain arrêt de Hiro Arikawa (éd. Actes Sud, mai 2021, 192 pages), un court roman choral avec les rencontres fortuites de passagers empruntant la ligne ferroviaire reliant Takarazuka à Nishinomiya.

Au fil des pages avec Ava, Quarante-huit heures dans la vie d’Ava Gardner

J’ai lu, en version numérique via ma médiathèque, Ava, Quarante-huit heures dans la vie d’Ava Gardner d’Emilio Ruiz et Ana Miralles (éd. Dargaud, octobre 2024, 112 pages), un roman graphique pour les ados/adultes selon l’éditeur.

Accompagnée de son secrétaire David et de sa dame de compagnie René, Ava Gardner se rend, à Rio de Janeiro, pour la tournée de son dernier film, La comtesse aux pieds nus, en 1954. Mais rien ne se passe comme prévu. Dans un contexte politique instable, l’actrice n’est pas épargnée par la presse qui guette le moindre scandale et frasque de sa part. Elle reçoit un accueil éprouvant et étouffant, réduite à n’être qu’un objet féminin du désir des hommes et des manigances des producteurs du film, elle qui a déjà bien du mal à se remettre de sa séparation d’avec son futur mari, Franck Sinatra et à tenir à l’écart Howard Hugues qui, malgré ses multiples refus, entend bien l’épouser.

Qui se cache derrière l’image iconique d’une belle femme fatale? Comment être soi-même et être libre de sa vie, malgré la célébrité? S’inspirant de la vie de l’autrice, ce séjour semble avoir été un moment déterminant dans la suite de sa carrière et dans son choix de vie puisqu’après ce film, l’autrice s’était éloignée des plateaux hollywoodiens et a vécu quelques années, en Espagne. J’ai apprécié le portrait tout en nuances de cette actrice de l’âge d’or du cinéma hollywoodien ainsi que les liens noués avec David et René, de véritables amis sur lesquels elle peut compter. Elle se révèle, au fil des planches, forte et lucide, face à ceux ne la réduisant qu’à un beau corps, vulnérable face aux humiliations, craquant parfois sous la pression des journalistes au point d’être vu comme capricieuse et violente mais également compatissante et bienveillante envers ses amis et de parfaits inconnus. Était-elle finalement si sulfureuse qu’en disait la presse de l’époque? Il y est ainsi question de la condition de la femme dans les années 50, en particulier pour les femmes dans le milieu du cinéma hollywoodien bien patriarcal.

J’ai également bien apprécié les illustrations d’Ana Miralles, tant au niveau des personnages très expressifs et réalistes permettant de ressentir au mieux les émotions vécues par l’autrice, souvent avec un verre d’alcool ou une cigarette à la main, que des décors, que ce soit la vie des années 50 ou des paysages sur la baie de Guanabara. Un très bon moment de lecture!

Pour d’autres avis sur ce roman graphique: Bianca.

Challenge Petit Bac d’Enna #1 Catégorie Personnes célèbres: « Ava Gardner »

Participation #3 (Parcours illustré) Challenge Le tour du monde en 80 livres 2025 de Bidib #Espagne

 

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