Étiquette : 2022 en classiques (Page 3 of 4)

Au fil des pages avec La passe dangereuse

Pour la journée du 11 juin 2022 du Mois Anglais dédiée à Somerset Maugham, j’ai lu La passe dangereuse de Somerset Maugham (éd. 10/18, rééd. 2019, 183 pages), court roman psychologique paru pour la première fois en 1925. Dans les années 20, après avoir accepté sous la pression familiale et sociétale un mariage sans amour avec Walter Lane, un terne et froid médecin-bactériologue maladroitement amoureux d’elle, Kitty, une jeune femme naïve et frivole de 25 ans part vivre à Hong-Kong et prend un amant séducteur et arrogant, Charles Townsend dont elle tombe très vite éperdument amoureuse. Son mari le découvre et lui pose un ultimatum: le divorce, ce qui provoquerait un scandale dans la haute société anglaise ou un départ immédiat pour un petit village chinois touché par une épidémie de choléra. Repoussé par son amant déjà marié, Kitty suit donc à contrecœur son mari en Chine. Leur couple survivra-t-il?

En enchaînant de courts chapitres au style épuré mais non dénué de sensibilité, Somerset Maugham décortique la personnalité et les états d’âme de chacun des personnages, en particulier de Kitty qui face aux épreuves qu’elle traverse va se découvrir. Il y est ainsi question de mariage arrangé, de condition de la femme dans les années 20, de relation de couple, du sens du devoir et du sacrifice, du poids des erreurs, des commérages et du pardon, que ce soit à travers Kitty ou des autres personnages gravitant autour d’elle (Walter se dévouant à corps perdu dans son travail, Charlie séducteur et arriviste qui tiendra à son mariage malgré ses infidélités, Waddington vivant avec une Mandchoue ou bien encore les religieuses catholiques s’occupant de l’orphelinat et des jeunes filles chinoises orphelines ou abandonnées à la naissance…).

J’ai apprécié la façon dont l’auteur dissèque psychologiquement ce couple si mal assorti tout en questionnant le sentiment amoureux et en posant un regard acerbe et cynique sur le mariage, institution qui oppresse les époux, la liberté n’étant alors recouvrée que par le veuvage, même si je ne me suis pas attachée à l’héroïne en quête de soi et de paix intérieure, prisonnière de son époque, pleine d’états d’âme et bercée d’illusions. Un bon moment de lecture à remettre toutefois dans le contexte de l’époque, notamment vis-à-vis du racisme et de cette supposée supériorité anglaise à l’égard des Chinois colonisés!

Pour d’autres avis autour d’un livre de Somerset Maugham: Lou et Hélène avec Il suffit d’une nuit, Nathalie avec Le sortilège Malais et qui avait déjà lu et chroniqué La passe dangereuse.

Participation #3 au Mois Anglais 2022 de Lou et Titine #Somerset Maugham

Participation #6 Challenge 2022 en classiques de Blandine et Nathalie #Classique anglais

Participation #43 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #Angleterre

Au fil des pages avec le tome 2 de Dans la tête de Sherlock Holmes

Pour la lecture commune du 30 mars 2022 de la Quinzaine British Mysteries avec Blandine, Nathalie et Hilde, j’ai lu, dans les temps, le tome 2 de Dans la tête de Sherlock Holmes, L’Affaire du Ticket Scandaleux de Cyril Liéron et Benoît Dahan, d’après Sir Arthur Conan Doyle (éd. Ankama, 2021), une BD jeunesse à partir de 13 ans. Avec retard, voici mon avis sur cette lecture.

Après avoir relu le premier tome, j’ai enchaîné avec le deuxième tome qui vient clore l’enquête de Sherlock Holmes accompagné du Dr. Watson qui concerne de mystérieux tickets pour assister à un spectacle chinois de magie, celui du magicien Wu-Jing. L’histoire reprend, après un bref résumé, là où s’était arrêté abruptement le tome 1. Sherlock Holmes et le Dr. Watson se rendent dans une imprimerie afin d’en apprendre plus sur les mystérieux tickets de spectacle. Ils arrivent à obtenir un ticket pour assister à une représentation qui a lieu le soir même et décident de solliciter l’aide de Mycroft, le frère de Sherlock. Arriveront-ils à déjouer le complot qui se trame cette fois dans les hautes sphères du pouvoir britannique?

Graphiquement, ce second tome est tout aussi réussi que le précédent, avec ce fil rouge à suivre qui parfois se brise mais qui est très vite réparé par Sherlock Holmes, des jeux de transparence pour le lecteur nous permettant de vérifier la pertinence des indices et déductions du détective à la mémoire infaillible et au cerveau toujours en ébullition… Il y est question de la colonisation britannique en Inde, de la guerre de l’opium, du racisme à l’égard des Chinois… Une conclusion à la hauteur du premier tome et que j’ai trouvé malheureusement plus réaliste que cynique (ne dit-on pas que l’Histoire bégaie)! J’ai déjà vu qu’un troisième tome est prévu avec une nouvelle enquête pour Sherlock Holmes.

Pour d’autres avis sur cette BD jeunesse: Blandine, Nathalie, Hilde et Pativore.

Participation #5 Challenge British Mysteries 2022 de Hilde et Lou #LC

Participation #5 Challenge 2022 en classiques de Blandine et Nathalie #Adaptation en BD

Participation #28 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #France

Pause ciné: Le Conte de la princesse Kaguya

Pour la journée dédiée à  Isao Takahata du Mois au Japon 2021, j’avais regardé, sans le chroniquer, Le conte de la princesse Kaguya d’Isao Takahata, film d’animation japonais de 2013 du Studio Ghibli, à partir de 10 ans et s’inspirant d’un conte traditionnel japonais, Le conte du coupeur de bambou datant sans doute du IXe ou Xe siècle.

Alors qu’il est en train de travailler dans une bambouseraie, un vieux et pauvre paysan découvre dans un bambou lumineux une toute petite princesse magique. Il l’emmène chez lui la montrer à sa femme. La petite princesse se transforme alors en un bébé que le couple élève avec beaucoup d’amour.

La jeune fille grandit de façon spectaculaire et est surnommée « Pousse de bambou » par les autres enfants. Pleine d’insouciance, elle s’éveille à la vie et ressent ses premiers émois amoureux.

De son côté, son père adoptif découvre également, au fil des ans, de l’or et des habits précieux et décide de préparer, avec sa femme, un bel avenir à la petite fille en lui achetant une grande et honorable maison en ville. Un soir, la jeune fille part suivre l’instruction réservée aux familles aisées en ville, laissant derrière elle ses amis et sa douce enfance à la campagne. Pour échapper à ce destin, la jeune femme devra-t-elle demander l’aide des siens sur la Lune?

Une fois en ville, la jeune fille continue sa croissance de manière plus normale et se plie, plus ou moins, aux exigences dues à son nouveau rang de princesse. Ses parents, surtout son père, pensent lui apporter le bonheur en lui trouvant un bon parti parmi les hauts responsables du pays. Sa beauté semble sans égale au point d’attirer l’attention de l’Empereur lui-même. Mais sa part d’innocence et de joie part d’elle de façon inéluctable.

Il y est ainsi question de la condition de la femme au temps du Japon médiéval, soumise aux coutumes et traditions ancestrales qui enferme les filles dans un destin tout tracé pour elles et qui les dépossèdent de leur corps et de leurs pensées même si Pousse de bambou tente d’y résister comme lorsqu’il sera l’heure d’être mariée et qu’elle se souviendra de son amour de jeunesse.

Il s’agit également d’une quête d’identité, Pousse de bambou n’étant pas une fille ordinaire mais une petite princesse magique qui commence à se rappeler petit à petit son passé et éprise de liberté. Après avoir connu une enfance heureuse dans la simplicité et entourée d’amis et une adolescence solitaire aux règles strictes et codifiées pour devenir une femme honorable, Pousse de bambou tente de trouver sa place.

Aux premières minutes de visionnage de ce film d’animation, j’ai été déstabilisée par le choix de la technique d’animation étant plus habituée aux films d’animation de Myasaki, cofondateur avec Tahakata du studio Ghibli. Puis je me suis laissée porter par l’histoire au rythme lent et qui commence un peu comme La petite Poucette d’Hans Christian Andersen (1835) mais sans sa fin joyeuse.

Pour poursuivre la découverte de cette légende japonaise, j’avais également lu une autre version: Kaguya, Princesse au clair de lune d’Alice Brière-Haquet et Shiitake (éd. Nobi! Nobi!, coll. Soleil Flottant, 2016), un album jeunesse à partir de 6 ans. J’ai ainsi pu constater des différences notables, l’accent étant mis sur l’histoire d’amour tragique entre la jeune femme et l’Empereur et offrant également une origine légendaire au Mont Fuji.

Pour illustrer ce billet, j’ai pris des images libres de droits que le Studio Ghibli a rendu disponibles sur son site. N’hésitez pas à y aller si l’univers Ghibli vous plaît car il y plusieurs centaines d’images issues du Conte de la princesse Kaguya et de leurs autres films d’animation.

Pour un autre avis: Kiona.

Participation #3 Un Mois au Japon 2022 d’Hilde et Lou #Film d’animation

Participation #11 Challenge Contes & Légendes 2022 de Bidib #Conte japonais

Participation #26 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #France (autrice) et Japon (illustratrice)

Participation #4 Challenge 2022 en classiques de Blandine et Nathalie #Conte traditionnel japonais

Au fil des pages avec Glace

Je lis Glace de Christine Féret-Fleury (éd. Scrineo, 2021, 317 pages), un roman pour les adolescents qui réécrit, dans un environnement dystopique le conte de La Reine des Neiges d’Hans Christian Andersen paru pour la première fois en 1844.

Après le Nuage qui a dévasté la Terre, Sanna vit ou plutôt survit avec Grand’ la grand-mère de Kay, ses parents étant décédés et Kay ayant été enlevé par les Glacés. Chaque jour, elle descend des les mines pour extraire comme les autres Cramés des métaux précieux qui servent à l’entretien du bouclier climatique derrière lequel, dans les montagnes enneigées, vivent les Glacés en échange d’une maigre ration de survie et d’un peu d’eau. Mais après le décès de Grand’ et désirant la promesse qu’elle lui avait faite, Sanna part à la recherche de Kay. Est-il toujours vivant autrement que dans ses souvenirs? Réussira-t-elle à le retrouver?

Je ressors très mitigée de ma lecture, en ayant attendu bien plus à la lecture de la quatrième de couverture. L’histoire se met lentement en place, se concentrant plus sur les souvenirs de Sanna que sur sa vie dans un monde post-apocalyptique, sans espoir et dévasté par le désastre écologique. Puis le dangereux voyage de la jeune femme commence avec de nombreuses rencontres qui la conduiront sur les traces de la Reine des Neiges.

Certes, j’ai apprécié retrouver des éléments revisités du conte originel sans l’aspect religieux avec les deux petits voisins se retrouvant dans le petit jardin perché avec les roses (Gerda étant ici Sanna et Kay avec sa grand-mère) ou bien encore les souliers rouges de la petite fille qui deviennent une vieille décoration de Noël que Sanna met dans une gourde (bouteille à la mer) dans la rivière en espérant se faire un ami. De même dans les rencontres de Sanna tout au long de son périple: la vieille dame magicienne et son jardin de fleurs devenant ici deux marginaux et leur potager, la princesse et le prince devenant une jeune héritière vivant sur Médusa, une méduse mécanisée avec son fiancé qu’Adalbert (la corneille) pense être Kay et la petite fille des brigands et son renne devenant Alais et sa jument…

Mais alors que le monde décrit par l’autrice se veut impitoyable, égoïste et oppressant, j’ai trouvé que Sanna était très chanceuse, naïve et fondant beaucoup d’espoir dans les personnes rencontrées. Le schéma narratif est très répétitif, Sanna faisant une rencontre salutaire qui s’avère être dangereuse mais dans laquelle elle s’en sort facilement et même malgré elle. De même, elle passe les obstacles décrits pourtant dès le début comme infranchissables de façon bien trop faciles et les personnages secondaires semblent ne servir que la quête initiatique de Sanna. Même la fin est un peu trop précipitée et m’a fait penser notamment à la série américaine Les 100.

En refermant le roman, il reste un sentiment de malaise et d’oppression qui renvoie aux préoccupations actuelles et alarmantes autour du réchauffement climatique, en espérant que nous serons moins passifs que les Cramés de cette histoire pour le bien-être des générations futures.

Participation #10 Challenge Contes & Légendes 2022 de Bidib #Conte revisité

Participation #3 Challenge 2022 en classiques de Blandine et Nathalie #Conte revisité

Participation #23 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #France

Au fil des pages avec Le royaume assassiné

Je lis Le royaume assassiné d’Alexandra Christo (éd. De Saxus, 2020, 500 pages), un roman fantasy young adult à partir de 16 ans avec quelques jolies illustrations en noir et blanc, sous fond de romance « ennemies to lovers ». Fille aînée de la Reine des Mers, Lira  a été élevée pour être la sirène la plus meurtrière du royaume de Diávolos et n’avoir plus une once d’humanité en elle, malgré le lien l’unissant à sa jeune cousine Kahlia. Surnommée la Dévoreuse de Princes, elle récupère un dix-huitième cœur d’un jeune prince quinze jours avant ses 18 ans en aidant sa cousine à en prendre un. Elle déclenche alors l’ire de sa mère. Pour se racheter auprès de cette dernière, Lira décide de prendre le cœur du prince doré Elian mais est prise de court par une femme-poisson qu’elle tue, sauvant alors le prince. En punition, elle est transformée en humaine.  Sa mère lui donne jusqu’au solstice d’hiver pour récupérer le cœur du prince et ainsi redevenir sirène. 

De son côté, Elian, prince héritier du royaume de Midas et capitaine du bateau pirate Le Saad s’est donné pour mission d’anéantir toutes les sirènes plutôt que d’être roi et pense qu’il pourra y parvenir en récupérant le cristal de Keto, se fiant à des contes de fée anciens. Quand il apprend que son ami a été tué par la Dévoreuse des Princes, il n’a plus qu’une idée en tête: la tuer. Pourtant, sans le savoir, Elian sauve des eaux Lira devenue humaine. Peut-il faire confiance à cette jeune femme mystérieuse et qui semble connaître bien des secrets qui lui permettraient de récupérer le cristal?  Et si Lira, en côtoyant le prince et les membres de son équipage remettait en question l’ordre de sa mère? De Lira ou Elian, qui aura le cœur de l’autre? La guerre entre sirènes et humains est-elle si inéluctable? À quel sacrifice chacun d’eux est-il prêt?

Décrit comme une réinterprétation très sombre de La Petite Sirène, ce premier roman d’Alexandra Christo ne m’a pas paru si sombre que cela au regard de la fin du roman et du conte originel d’Hans Christian Andersen paru en 1837, un conte tragique d’un amour impossible d’une jeune sirène se laissant mourir à défaut de pouvoir être aimé par le prince qu’elle a sauvé de la noyade.

J’ai apprécié l’univers fantastique inventé par l’autrice avec de nombreux royaumes visités par le prince et son équipage, en particulier celui gourmand d’Eidýllio avec « des rues entières de boulangeries, avec à chaque coin de rue des cœurs en chocolat qui dégoulinent de caramel mou » (p. 204). Dans toute cette cité, il y a une « odeur de sucreries et de menthe poivrée », l’air caramélisant la langue (p. 211). Alexandra Christo s’amuse à mélanger les époques, un peu comme dans un steampunk sans en reprendre le style permettant aux personnages d’accéder à des technologies modernes.

L’autrice prend d’ailleurs son temps pour le décrire et mettre en place la quête du Cristal de Keto à venir. Puis l’intrigue s’accélère, Elian se rapprochant sans trop de difficultés du cristal pourtant bien caché depuis très longtemps et se montrant parfois bien naïf et vulnérable mais pouvant compter sur ses loyaux amis. Ne dit-on pas que la chance sourit aux audacieux?

Mais j’ai trouvé que l’âge de Lira et Elian, respectivement 17 ans et 19 ans, n’était pas en adéquation avec le parcours de vie annoncé, Lira étant décrite comme une sirène aguerrie, meurtrière de princes et Elian comme un prince pirate tueur de sirènes ayant écumé les mers et océans. Ils auraient gagné en profondeur et en maturité en ayant été plus âgés (autour de la trentaine peut-être) que ce soit dans leur quête d’identité que dans leur romance et leur soif de liberté.

Derrière l’aventure et la romance, il est beaucoup question de liberté, de libre arbitre et d’humanité, tant Elian que Lira devant faire face à leur destinée et leur devoir dû à leur rang royal. Peuvent-ils aller à l’encontre de ce qu’il est attendu d’eux, chacun ayant grandi en écoutant préjugés et contes les modelant pour se haïr et découvrant l’autre bien différent de ce que leur légende colporte? Un bon moment de lecture qui me donne envie de relire le conte originel et de faire un billet thématique sur La petite sirène!

Participation #8 Challenge Contes & Légendes 2022 de Bidib #Conte revisité

Participation #7 Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2022 de Bidib et Fondant #Chocolat

Participation #15 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #Royaume-Uni

Participation #2 Challenge 2022 en classiques de Blandine et Nathalie #Conte revisité

« Older posts Newer posts »

© 2024 JOJO EN HERBE

Theme by Anders NorenUp ↑