Étiquette : 18 ans et plus (Page 18 of 27)

Au fil des pages avec Blanc autour

Le mois dernier, j’ai lu Blanc autour de Wilfried Lupano et Stéphane Fert (éd. Dargaud, 2020, 144 pages), une BD adulte s’inspirant de faits et personnages historiques ayant existé aux États-Unis, 30 ans avant la Guerre de Sécession. En 1832, la jeune institutrice Prudence Crandall décide d’accueillir dans son école pour filles qu’elle dirige à Canterbury, une petite ville du Connecticut, une jeune fille noire, Sarah. Mais encore marquée par une sanglante révolte d’esclaves menée un an plus tôt par Nat Turner, la communauté blanche et raciste va tout faire pour l’en empêcher, même par la violence si la voie légale n’est pas suffisante.

Comme pour Les filles de Salem de Thomas Gilbert, j’en attendais peut-être plus. Graphiquement alors que j’avais été attirée par l’illustration de couverture, j’ai trouvé que les personnages étaient un peu trop similaires et caricaturaux, même si la rondeur des illustrations permet d’atténuer un peu la dureté du propos. J’ai bien plus apprécié l’intrigue autour de cette jeune institutrice altruiste, engagée, courageuse et qui réussira à instiller malgré tout un souffle de liberté et apporter la petite étincelle/lueur d’espoir pour faire évoluer, petit à petit, les mentalités, même si j’ai trouvé que l’introduction de la « sorcière blanche » était peut-être de trop.

Il y est ainsi question du droit à l’instruction, de sororité, d’égalité ou bien encore des droits civiques des Afro-américains qui bien que libres n’étaient pourtant pas égaux… Un bon moment de lecture, l’ouvrage finissant par un postface très intéressant de la conservatrice du Musée Prudence Candall qui revient sur la vie de certains des personnages historiques croisés dans la BD!

Pour d’autres avis sur cette BD: Bidib (et Yomu-chan).

Challenge Petit Bac d’Enna #2 Catégorie Couleur: « Blanc »

Participation #45 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #France

Au fil des pages avec La passe dangereuse

Pour la journée du 11 juin 2022 du Mois Anglais dédiée à Somerset Maugham, j’ai lu La passe dangereuse de Somerset Maugham (éd. 10/18, rééd. 2019, 183 pages), court roman psychologique paru pour la première fois en 1925. Dans les années 20, après avoir accepté sous la pression familiale et sociétale un mariage sans amour avec Walter Lane, un terne et froid médecin-bactériologue maladroitement amoureux d’elle, Kitty, une jeune femme naïve et frivole de 25 ans part vivre à Hong-Kong et prend un amant séducteur et arrogant, Charles Townsend dont elle tombe très vite éperdument amoureuse. Son mari le découvre et lui pose un ultimatum: le divorce, ce qui provoquerait un scandale dans la haute société anglaise ou un départ immédiat pour un petit village chinois touché par une épidémie de choléra. Repoussé par son amant déjà marié, Kitty suit donc à contrecœur son mari en Chine. Leur couple survivra-t-il?

En enchaînant de courts chapitres au style épuré mais non dénué de sensibilité, Somerset Maugham décortique la personnalité et les états d’âme de chacun des personnages, en particulier de Kitty qui face aux épreuves qu’elle traverse va se découvrir. Il y est ainsi question de mariage arrangé, de condition de la femme dans les années 20, de relation de couple, du sens du devoir et du sacrifice, du poids des erreurs, des commérages et du pardon, que ce soit à travers Kitty ou des autres personnages gravitant autour d’elle (Walter se dévouant à corps perdu dans son travail, Charlie séducteur et arriviste qui tiendra à son mariage malgré ses infidélités, Waddington vivant avec une Mandchoue ou bien encore les religieuses catholiques s’occupant de l’orphelinat et des jeunes filles chinoises orphelines ou abandonnées à la naissance…).

J’ai apprécié la façon dont l’auteur dissèque psychologiquement ce couple si mal assorti tout en questionnant le sentiment amoureux et en posant un regard acerbe et cynique sur le mariage, institution qui oppresse les époux, la liberté n’étant alors recouvrée que par le veuvage, même si je ne me suis pas attachée à l’héroïne en quête de soi et de paix intérieure, prisonnière de son époque, pleine d’états d’âme et bercée d’illusions. Un bon moment de lecture à remettre toutefois dans le contexte de l’époque, notamment vis-à-vis du racisme et de cette supposée supériorité anglaise à l’égard des Chinois colonisés!

Pour d’autres avis autour d’un livre de Somerset Maugham: Lou et Hélène avec Il suffit d’une nuit, Nathalie avec Le sortilège Malais et qui avait déjà lu et chroniqué La passe dangereuse.

Participation #3 au Mois Anglais 2022 de Lou et Titine #Somerset Maugham

Participation #6 Challenge 2022 en classiques de Blandine et Nathalie #Classique anglais

Participation #43 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #Angleterre

Au fil des pages avec le tome 1 des Sœurs Mitford enquêtent

Pour la journée « Mitford sisters » du 7 juin 2022 du Mois Anglais, j’ai choisi une de mes lectures de mars 2021: le premier tome des Sœurs Mitford enquêtent, L’assassin du train de Jessica Fellowes (éd. du Masque, coll. Le livre de Poche, 2019, 496 pages), un roman policier à la jolie illustration de couverture qui se passe dans les années 20 en Angleterre et qui s’inspire de faits réels et de personnages ayant existé comme le meurtre non élucidé de Florence Nithinghale Shore et la famille Mitford.

En 1919, pour échapper à son oncle dangereux, Louisa Cannon se fait engager comme bonne d’enfants au sein de la maisonnée de la famille aristocratique Mitford, dans le manoir d’Asthall Manor. Elle se lie très vite d’amitié, malgré son statut de domestique, avec Nancy, la jeune fille aînée âgée de 18 ans, espiègle et à l’esprit romanesque. Après le crime mystérieux d’une infirmière âgée de la cinquantaine, Florence Nightingale Shore, à bord d’un train en plein jour, Louisa et Nancy décident de se lancer sur la piste du tueur. Qui aurait bien pu en vouloir à cette dame respectable et célèbre au point de la tuer?

J’ai vite démasqué le coupable par la tournure de phrase utilisée pour décrire une scène du train mais me restais à connaître son mobile. L’enquête est surtout celle de Louisa (et pas vraiment des Sœurs Mitford bien trop jeunes) qui n’est pas insensible au charme du jeune et attachant policier des chemins de fer en charge de l’enquête, Guy Sullivan qui rêve de travailler à Scotland Yard, est ainsi prétexte à décrire la société anglaise post-Première Guerre mondiale en pleine mutation: la vieille aristocratie essayant de maintenir les vieilles traditions, les rapports entre classes sociales, la condition de la femme, le sort des vétérans de guerre… Un moment de lecture agréable avant tout pour son ambiance d’après-guerre et qui se lit rapidement malgré certaines longueurs et une enquête sans réels rebondissements! Je lirai à l’occasion les tomes suivants s’ils sont disponibles à la médiathèque.

Participation #1 au Mois Anglais 2022 de Lou et Titine #Mitford Sisters

Participation #7 Challenge British Mysteries 2022 de Hilde et Lou #Roman policier

Challenge Petit Bac d’Enna #3 Catégorie Famille: « Sœurs »

Participation #41 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #Angleterre

Au fil des pages avec le tome 1 de Ténébreuse

J’ai lu le tome 1 du diptyque Ténébreuse de Hubert et Vincent Maillé (éd. Dupuis, 2021, 80 pages), une BD fantasy à partir de 15 ans selon l’éditeur et qui a été classée en adulte par ma médiathèque. Arzhur, un chevalier déchu est engagé par trois mystérieuses vieilles femmes pour sauver une jeune princesse en détresse. Mais la réalité est tout autre, Islen s’étant retirée de son plein gré dans le château noir avec ses animaux monstrueux. Les deux jeunes gens partent alors pour le château du père d’Islen. Quelle destinée les attend?

Côté scénario, l’histoire est bien moins classique qu’il n’y paraît, même si certains personnages sont un peu stéréotypés comme la belle-mère marâtre jalouse ou les parents d’Islen… J’ai retrouvé des thèmes récurrents chez Hubert dont j’avais lu l’année dernière Peau d’Homme. Il y est question du poids du regard de l’autre, d’héritage familial, de déterminisme, de libre arbitre, de rédemption ou bien encore de seconde chance. Le scénariste s’est amusé à prendre le contrepied des codes traditionnels des contes et légendes: un chevalier ingénu et bien naïf, une princesse féministe… Les trois vieilles m’ont fait penser aux Moires (les trois divinités grecques du destins) et aux trois sorcières de Macbeth, la mère d’Islen à la fée Mélusine et Islen entourée de rats au Joueur de flûte de Hamelin.

J’ai beaucoup apprécié les illustrations de Vincent Maillé qui m’ont rappelé le coup de crayon de Régis Loisel avec une ambiance médiévale, sombre et fantastique ou bien encore le film Willow de Ron Howard sorti en 1988. J’ai d’ailleurs lu après ma lecture que Vincent Maillé a illustré deux tomes du deuxième cycle de La Quête de l’oiseau du temps, Avant la quête. Il se dégage une grande complexité et expressivité du duo Arzhur/Islen, chacun devant vivre avec le poids de son passé et ses démons intérieurs. Un très bon moment de lecture dont les péripéties et rebondissements s’enchaînent rapidement et qui se finit en plein suspense épique! Le passé va-t-il se reproduire? J’ai hâte de découvrir le second et dernier tome qui paraîtra en septembre 2022, Hubert ayant pu l’écrire avant son décès en 2020.

Pour un autre avis sur ce tome 1: Bidib.

Participation #18 Challenge Contes & Légendes 2022 de Bidib

Participation #40 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #France

Au fil des pages avec La Marche de Mina

Avec retard pour la LC du 15 avril 2022, j’ai lu La Marche de Mina d’Yoko Ogawa (éd. Actes Sud, 2008, 318 pages), un roman initiatique dans lequel Tomoko, désormais adulte se souvient lorsqu’elle a vécu, pendant un an (entre 1972 et 1973), dans la maison d’Ashiya chez son oncle et sa tante, après le décès de son père, sa mère ne pouvant s’occuper d’elle compte-tenu d’une formation professionnelle qu’elle suit, lorsqu’elle était âgée de 12 ans. Elle s’était alors fortement liée d’amitié avec sa cousine, Mina, d’un an plus jeune qu’elle.

Le rythme lent va bien avec l’histoire pleine d’anecdotes et de souvenirs d’enfance de Tomoko à un âge charnière, celui du passage de l’enfance à l’adolescence et qui se mélange avec des faits historiques marquants de l’année 1972 comme le décès d’un célèbre écrivain japonais, Yasunari Kawabata ou les JO de Munich (prise d’otages d’athlètes israéliens et médaille d’or pour les Japonais en volley-ball masculin) et qui amène la jeune fille d’alors à se questionner sur l’étranger, la question des origines ou bien encore ses premiers émois amoureux.

Un bon moment de lecture teinté de nostalgie et de doux sentiments auprès des habitants de la maison d’Ashiya avec chacun leur personnalité excentrique (son oncle très souvent absent et qui semble avoir une double vie mais chaleureux quand il est là, sa tante qui fume trop et qui boit en cachette du whisky, la grand-mère Rosa, allemande et coquette, Madame Yodena qui s’occupe de tout dans la maisonnée, Pochiko l’hippopotame nain ou bien encore sa cousine Mina, asthmatique et précoce, dévorant les livres et collectionnant les boîtes d’allumettes illustrées sur lesquelles elle invente des histoires (parfois étranges et bien surprenantes pour une jeune fille de son âge) comme celle de l’éléphant sur une bascule, celle des deux hippocampes tentant de rejoindre la lune bleue ou bien encore celle de l’ange avec son nécessaire de couture en train de recoudre ses ailes…)!

Sans oublier de nombreux passages gourmands pour le challenge Des livres (et des écrans) en cuisine: le dîner à l’occidental préparé par le personnel de l’hôtel des monts Rokko: « agneau mijoté au vin rouge garni de truffes » et en dessert « un bavarois à la fraise des bois » (p.101) ou des plats typiquement japonais comme la cuisine de Madame Yoneda (p.134) comme par exemple un pique-nique avec « des boulettes de riz et de thé d’orge grillé glacé (…) Toutes les boulettes dont le panier était plein, fourrées au saumon, aux prunes confites et aux flocons de poisson séchés » (p.187/188)… Toutefois, je ne tenterai pas de boire, ne serait-ce qu’une goutte, de Fressy, « une boisson rafraîchissante au radium » (p.17/18) commercialisée par la société familiale de boissons de l’oncle de Tomoko.

Pour d’autres avis avec cette LC autour d’un livre d’Yoko Ogawa: Hilde et Katell avec Petites Boîtes, Rachel avec Le musée du silence.

Participation #8 Un Mois au Japon 2022 de Hilde et Lou #LC autour d’Yoko Ogawa

Participation #21 Challenge Des livres (et des écrans) en cuisine 2022 de Bidib et Fondant #Cuisine japonaise

Participation #39 Challenge Le tour du monde en 80 livres de Bidib #Japon

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