Pour le Mois Américain 2020 et sa journée du 22 septembre consacrée aux « Black Lives Matter », j’ai emprunté à la médiathèque Rosa Parks de Lisbeth Kaiser et Marta Antelo (éd. Kimane, coll. Petite & Grande, 2018), un album jeunesse à partir de 6 ans. Finalement, je le présente pour la journée du 30 septembre « Essai/documentaire ». Cet album retrace les moments importants de la vie de Rosa Parks, jeune femme afro-américaine: son enfance, sa rencontre avec son époux et son engagement dans le Mouvement des Droits civiques. Elle a été l’une des figures emblématiques de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis pour avoir notamment en 1955 refusé de céder sa place à un homme blanc dans le bus. L’album finit avec une courte biographie et des photos. Un album porté par de belles valeurs pour l’égalité des droits et ouvrir la discussion avec les plus jeunes!
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Après l’avoir lu il y a presque trente ans, j’ai ressorti la semaine dernière, pour le Mois Américain, Les chemins secrets de la liberté de Barbara Smucker et illustré par Yves Beaujard (éd. Castor Poche Flammarion, 1982, rééd. 1991), un roman jeunesse à partir de 10 ans. Âgées de 13 ans, Julilly et Lisa sont deux jeunes esclaves qui se lient d’amitié dans une plantation de cotons du Mississippi. Ensemble, elles tentent de s’enfuir au Canada. Mais leur périple de nuit est très long et dangereux, les chasseurs d’esclave pouvant les retrouver à tout moment, même dans les États du Nord non esclavagistes. Elles peuvent toutefois compter sur des abolitionnistes, souvent Quakers et qui font partie du Chemin de fer souterrain. Esclaves fugitives, parviendront-elles à être enfin libres et en sécurité?
C’est la même émotion que je ressens à la lecture de cette histoire certes fictive mais reprenant des faits historiques et des abolitionnistes qui ont participé au Chemin de fer clandestin au XIXe siècle: Alexander Milton Ross et Levi Coffin. Même si ce roman est destiné à de jeunes lecteurs avec une fin plutôt heureuse, son propos n’est pas édulcoré face aux conditions de vie des jeunes esclaves: maltraitance, coups et humiliations, pauvreté… Le texte est accompagné de quelques illustrations en noir et blanc qui mettent en scène le périple accompli par les deux jeunes filles. Un roman à lire pour tout jeune futur citoyen du monde!
J’ai lu, lors du Mois Américain 2020, Là où chantent les écrevisses de Delia Owens (éd. du Seuil, janvier 2020, 480 pages), un premier roman que j’avais déjà repéré dans les sorties littéraires de 2020 pour sa couverture et son titre intrigant. L’histoire débute par le décès mystérieux d’un jeune homme, Chase Andrews, en 1969 au pied d’une tour de guet dans les marais, à côté de la petite ville ségrégationniste de Barkley Cove, en Caroline du Nord. Puis retour dans le passé, en 1952 avec l’histoire d’une jeune enfant de 6 ans, Kya abandonnée par sa mère Ma et laissée à son père Pa, un homme alcoolique et violent, avec Jordie, l’un de ses frères un peu plus âgé qu’elle et qui ne s’est pas encore enfui, dans une cabane insalubre au fonds des marais.
Les années passent et à 10 ans, Kya se retrouve définitivement seule, après le départ de son père, trouvant ses seules ressources en elle-même et dans les marais. Petit à petit, grâce à sa rencontre avec un garçon un peu plus âgé qu’elle, Tate qui lui apprend à lire et à écrire, elle arrive à trouver sa place dans les marais. Elle apprend ainsi les sciences et à percer les mystères de la faune et de la flore des marais, ramassant des plumes par exemple, répertoriant les coquillages ou champignons, observant et notant les comportements des animaux et/ou en faisant des croquis ou des aquarelles, etc.
Mais la solitude continue de lui peser, année après année, avec son lot d’abandons comme lorsque Tate part à l’université pour ses études de biologiste et malgré la présence maternante à sa façon du couple de Noirs, Jumping et Mabel qui a veillé sur elle, d’autant que Kya reste pour la communauté blanche de Barkley Cove, la Fille des marais, cette sauvageonne pauvre et analphabète.
Devenue une jeune femme, Kya cherche, malgré ses peurs et sa timidité, à rompre cette solitude en se laissant alors séduire par Chase, leurs deux vies s’entremêlant irrémédiablement. Y a-t-il un lien entre cette toute jeune fille abandonnée dans les marais et ce décès survenu des années plus tard et qui a tout l’air d’être un meurtre?
L’autrice alterne entre des chapitres suivant le déroulement de l’enquête sur le décès de Chase et ceux consacrés à la vie de Kya dans les marais sur une vingtaine d’années. Je me laisse plongée dans l’atmosphère si particulière des marais, dans cette Nature tour à tour hostile et bienveillante. Kya est une héroïne très attachante, très forte malgré son jeune âge et sa solitude et qui fait preuve d’incroyables capacités d’adaptation en arrivant à trouver des moyens de survivre et de manger, son père lui ayant laissé un moyen de locomotion indispensable, une petite barque à moteur. Kya arrivera-t-elle à avoir ce petit bout de bonheur malgré tout? Coup de cœur pour ce roman mélangeant roman policier, roman initiatique, romance avec un trio amoureux et roman naturaliste! J’aurai pu le choisir tant pour les journées « Nature » que « First Ladies » ou encore « Roman policier », voire même « Désir » de ce Mois Américain.
Pour cette journée « Album jeunesse » du 6 septembre 2020 du Mois Américain, nous lisons Blues Bayou de Benjamin Lacombe et Daniela Cytryn (éd. Milan Jeunesse, 2009), un album jeunesse à partir de 3 ans. Dans le Mississipi des années 30, deux enfants d’une dizaine d’années, James et Amy sont amis et font fi de leur différence de peau et de l’interdiction de se voir. Un jour alors qu’ils partent à l’aventure dans le bayou, leur embarcation chavire non loin des alligators et d’un danger encore plus grand, celui de l’ogre des marais.
Les illustrations de Daniela Cytrin sont magnifiques à l’instar de l’illustration de couverture et des pages de garde très musicales. Tout comme les illustrations, le texte de Benjamin Lacombe retranscrit l’atmosphère du bayou sous fond de musique… Une tendre histoire d’amitié, de ségrégation, de blues et de jazz! Quand la musique n’a pas de couleur! Coup de cœur pour cet album jeunesse!
Pour cette journée « Lady First » du 4 septembre 2020 du Mois Américain, j’ai choisi Beloved de Toni Morrison (éd. 10/18, 1986, rééd. 2009), un roman ayant reçu le Prix Pulitzer Fiction en 1988. C’est l’histoire d’une ancienne esclave Sethe, hantée par son passé d’esclave au sein de la plantation du Bon-Abri, dans le Kentucky et par le fantôme de sa fille aînée Beloved décédée et qui tente de se reconstruire en femme libre avec sa fille cadette Denver en 1873 à Cincinnati, dans l’Ohio, quelques années après la Guerre de Sécession. Comment Sethe peut-elle se sentir libre et faire son deuil sans tomber dans la folie alors qu’elle a commis l’irréparable par amour pour ses enfants et qu’elle est traumatisée par des années d’esclavage?
Une lecture dense, poignante et faite de nombreux flash-backs dans le passé des protagonistes et de non-dits, l’autrice étant partie d’un fait divers d’infanticide survenu en 1856 pour dénoncer l’esclavagisme. L’autrice dévoile petit à petit au fil des pages le passé douloureux de Sethe et qui l’amènera à ce qu’elle est devenue en 1873, reprenant parfois un même évènement présenté plusieurs pages précédentes de façon laconique voire presque elliptique pour y revenir un peu plus loin avec un peu plus de détails soit sous les souvenirs de Sethe elle-même ou du point de vue d’autres protagonistes, comme par exemple celui de sa fuite du Bon-Abri.
Pour un autre avis sur ce roman: Enna (dans sa version audio).
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