En cherchant des albums jeunesse pour Un mois au Japon à la médiathèque, j’ai jeté mon dévolu sur un album de Thierry Dedieu, un auteur/illustrateur que j’apprécie beaucoup et au style très varié et pour tous les âges comme par exemple, en tant qu’illustrateur, sa série hilarante avec Frédéric Marais, Bob & Marley ou sa série des comptines en noir et blanc pour les tout-petits ou bien encore ses albums avec le bonhomme de neige… Il a d’ailleurs reçu le Prix Sorcières 2010 dans la catégorie Prix spécial pour l’ensemble de son œuvre. Mais revenons à l’album jeunesse lu cette fois: il s’agit du Maître des estampes (éd. Seuil Jeunesse, 2010), un un album jeunesse pour les 6/9 ans selon l’éditeur.
Dans un Japon médiéval, ou à tout le moins ancien, un riche mandarin commande auprès d’un maître des estampes un dessin. Mais l’artiste accepte à deux conditions qui choquent l’acheteur: un prix a priori conséquent et un délai d’attente de six mois. Les jours passent et le mandarin s’impatiente de plus en plus, prenant le maître des estampes pour un dilettante. En effet, ce dernier semble prendre son temps, contemplant des écureuils et d’autres beautés de la Nature plutôt que d’exécuter sa commande. Et si la réalité était tout autre?
L’histoire se présente comme une fable ou un conte philosophique: des personnages sous forme d’animaux (un cochon pour le riche mandarin et un renard pour le maître des estampes) et à la fin une morale pleine de sagesse à méditer: « des deux vies du papillon, ce n’est pas celle de la chenille que l’on retient, mais celle du papillon ». Thierry Dedieu arrive également à distiller du suspense dans l’acte de création d’un artiste.
Après l’histoire, l’auteur a mis un carnet de croquis qui reprend les différentes illustrations d’estampes qui étaient, à bien y regarder, déjà présentes sous les pinceaux du maître des estampes et qui nous renvoient à nos propres observations d’écureuils lors de nos balades en forêt. Comme quoi ma digression initiale sur Dedieu m’a peut-être été inconsciemment dicté par ma lecture, Thierry Dedieu étant maître de changer son style suivant son propos. Ici, par des illustrations peu colorées, épurées et sobres, il reprend l’idée philosophique que la Nature est par essence la plus belle des œuvres d’art et que le rôle de l’artiste est de la reproduire le plus fidèlement. Pour autant, il arrive à la sublimer. Un très bon moment de lecture avec cet album jeunesse qui pourra ouvrir le débat philosophique avec les plus jeunes!
un joli album